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Grande Bretagne, de proposer ces sujets de plainte au Viceroi, et qu’il espéroit que ce Seigneur y feroit attention, et donneroit ordre à l’avenir à ce qu’il n’y eût plus lieu d’en faire. Ici Mr. Anson s’arrêta et attendit quelque tems la réponse ; mais voyant qu’il n’en venoit point, il demanda à son interprête, s’il étoit bien certain que le Viceroi eût bien compris ce qu’il disoit. L’Interprête l’assura qu’oui, mais qu’il ne croyoit pas, qu’il se fit aucune réponse sur ce sujet. Alors Mr. Anson exposa le cas du Vaisseau Hastingfield, qui avoit été démâté sur les Côtes de la Chine, et qui étoit arrivé depuis peu de jours dans la Rivière de Canton. Les Gens de ce Vaisseau avoient beaucoup perdu par l’Incendie, le Capitaine en particulier avoit eu tous ses effets brûlés, et perdu dans la confusion, une somme de quatre mille cinq cens Taels, qui avoient suivant toutes apparences été volés par des Batteliers Chinois. Mr. Anson requit l’assistance du Conseil, sans laquelle cet argent ne pouvoit se retrouver, ni revenir à son Maître. Le Viceroi répondit à cet article, qu’en réglant les Droits que ce Vaisseau devoit payer, on accorderoit quelques rabais en considération de ces pertes.

Après ces deux points que les Officiers de notre Compagnie des Indes avoient prié Mr. Anson d’ajuster avec le Conseil Chinois, il fut question de ce qui le regardoit directement. Il dit au Viceroi que la Mousson propre pour son voyage étoit commencée, et qu’il n’attendoit que les permissions nécessaires, pour embarquer les Provisions dont il avoit besoin, et qui étoient toutes prêtes ; que dès qu’elles seroient à bord, il avoit dessein de quitter la Rivière de Canton et de partir pour l’Angleterre. Le Viceroi répondit, que les permissions seroient d’abord expédiées, et que les ordres seroient donnés, pour transporter tout à bord, dès le lendemain, et voyant que Mr. Anson n’avoit plus rien à demander, le Viceroi continua quelque tems la conversation. Il avoua en termes fort polis, que les Chinois étoient fort obligés à Mr. Anson, des services signalés qu’il leur avoit rendus, à l’occasion de l’Incendie, et que c’étoit à lui qu’on étoit redevable de ce que la Ville n’avoit pas été réduite en cendres. Enfin le Viceroi observa, qu’il y avoit longtems que le Centurion étoit sur les Côtes de la Chine, et finit son discours en souhaitant au Commandeur un heureux retour en Europe. Après quoi Mr. Anson remercia le Viceroi de ses civilités et de l’assistance qu’il lui accordoit, et prit congé de lui.

Au sortir de la Salle d’audience, on pressa beaucoup le Commandeur, d’entrer dans un apartement voisin, où il y avoit un Festin préparé pour lui ; mais apprenant que le Viceroi n’y seroit pas présent, il s’en excu-