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CHAPITRE X

Séjour dans la Ville de Canton ; et le retour du Centurion en Angleterre.


Dès que le Commandeur fut arrivé à Canton, il fut visité par les principaux Marchands Chinois, qui affectèrent de témoigner beaucoup de joie, qu’il eût fait ce voyage, sans rencontrer aucun obstacle, et feignoient d’en inférer qu’il falloit bien que le Viceroi eût reçu satisfaction du prétendu contretems, dont ils soutenoient encore la réalité. Ils ajoutèrent, qu’ils auroient soin dès le lendemain matin, de faire savoir au Viceroi, l’arrivée de Mr. Anson, et qu’ils ne doutoient pas que d’abord le jour de la visite ne fût fixé.

Le lendemain ces Marchands revinrent trouver le Commandeur, et lui dirent, que le Viceroi étoit si occupé à préparer ses Dépêches pour Pekin, qu’il n’y avoit pas moyen de l’aborder de quelques jours ; mais qu’ils avoient engagé un des Officiers de sa Cour, de les avertir dès qu’on pourroit lui parler, et qu’alors ils lui feroient part de l’arrivée de Mr. Anson, et tâcheroient de faire fixer le jour de son audience. Le Commandeur connoissoit trop bien ses Gens, pour ne pas voir clairement, que tous ces discours n’étoient qu’un tissu de mensonges, et s’il n’avoit suivi que son propre jugement, il se seroit servi d’autres canaux pour parvenir au Viceroi ; mais les Supercargos de nos Vaisseaux étoient si prévenus de terreurs paniques, par les artifices des Marchands Chinois qu’ils ne pouvoient approuver les mesures que Mr. Anson croyoit les plus sages, et le Commandeur appréhendant que la malice des Chinois ne fît naître quelque incident desagréable, dont on le rendroit responsable, il prit le parti d’attendre tranquilement ce qui en arriveroit, aussi longtems que le retard ne lui pouvoit être préjudiciable. Ainsi il promit de ne pas s’adresser immédiatement au Viceroi, pourvu que les Chinois, avec qui il avoit contracté, lui fissent voir qu’on travailloit en diligence à faire son biscuit, et à préparer les viandes salées et les autres provisions dont il avoit besoin : à condition que si avant que tout cela fût prêt, c’est-à-dire, en six semaines, les Marchands ne pouvoient lui faire avoir les permissions nécessaires du Viceroi, Mr. Anson s’adresseroit directement à ce