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jour-, mais cela ne suffisoit pas : il falloit pour entreprendre le voyage de la Chine en Angleterre de grandes provisions, non seulement de Vivres, mais de bien d’autres choses ; et c’étoit en quoi consistoit l’embaras. Il y avoit bien à Canton des Gens qui s’étoient chargés de fournir à Mr. Anson le biscuit, et toutes les autres choses dont il pourroit avoir besoin ; et son Truchement l’assuroit de jour en jour, depuis le milieu de Septembre, que tout étoit prêt et qu’il le recevroit dans peu à bord. Après quinze jours d’attente, le Commandeur envoya à Canton, pour s’informer des causes de ce délai, et il eut le chagrin d’apprendre, que toutes ces assurances n’étoient qu’illusion ; que le Viceroi n’avoit donné aucun ordre pour les provisions de voyage, de ses deux Vaisseaux, ainsi qu’on l’аvoit dit ; qu’il n’y avoit ni biscuit, ni aucun des préparatifs qu’on lui avoit promis ; en un mot, que ceux qui avoient contracté avec lui, n’avoient fait aucune démarche pour remplir leurs engagemens. Ces nouvelles desagréables lui donnèrent lieu de craindre qu’il ne trouvât plus de difficultés, qu’il ne l’avoit cru, à faire les provisions nécessaires pour son voyage ; et ce qui lui donnoit encore plus de soupçons, c’est que le mois de Septembre étoit presque écoulé, qu’il n’avoit encore reçu aucun message de la part du Viceroi de Canton.

Le Lecteur sera sans doute curieux des motifs qui pouvoient porter les Chinois, à en agir avec si peu de bonne foi. J’ai déja ci-devant proposé quelques conjectures, au sujet d’un cas tout semblable à celui-ci, et je ne les répéterai pas ici, d’autant plus qu’il faut avouer, après avoir bien deviné, qu’il est presque impossible à un Européen, qui ignore les usages et les coutumes de cette Nation, de pénétrer dans les motifs, qui la font agir en tel cas particulier. Tout cе qu’on peut dire de positif, c’est qu’en fait d’artifice, de fausseté, et d’attachement pour quelque gain que ce soit, il seroit difficile de trouver autre part des exemples pareils à ceux qu’on voit tous les jours à la Chine : mais il ne nous est pas possible de suivre en tout les combinaisons différentes de ces belles qualités ; ainsi nous nous contenterons de dire, que les Chinois avoient sans doute quelque intérêt caché à amuser le Commandeur en cette оссаsion. Cependant, de peur qu’on ne m’accuse d’injustice et de préventions, dans le саractère fourbe et intéressé, que j’attribue aux Chinois, sans respect pour les éloges magnifiques qu’en font les Missionaires Catholiques Romains, je rapporterai quelques traits propres à justifier l’idéе que j’en donne.

La prémière fois que le Commandeur relâcha à Macao, un de ses