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le Galion tomba sur le Côté du Centurion, à Stribord, mais on vint à bout de le dégager, sans en souffrir de dommage.

Mr. Anson donna le commandement de la Prise à Mr Saumarez son prémier Lieutenant, avec rang de Capitaine de Haut-bord. Mr. Saumarez envoya dès ce même soir, à bord du Centurion, tous les Prisonniers Espagnols, à l’exception de ceux, qu’il crut nécessaires, pour aider à la maneuvre du Galion. Ce fut alors que le Commandeur apprit de ces Prisonniers, que l’autre Galion, qu’il avoit empêché l’année d’auparavant de sortir d’Acapulco au-lieu d’attendre, comme on avoit cru, celui que nous venions de prendre, avoit fait voile seul d’Acapulco, beaucoup plutôt qu’à l’ordinaire, et qu’il étoit apparemment arrivé à Manille, longtems avant que le Centurion arrivât au Cap Espiritu Santo : desorte que Mr Anson, nonobstant le succès qu’il venoit d’avoir, avoit lieu de regretter le tems perdu à Macao, cette perte l’ayant empêché de faire deux riches Prises au-lieu d’une.

Immédiatement après la fin de l’Action, Mr. Anson résolut de s’en retourner avec sa Prise, le plus vite qu’il pourroit, dans la Rivière de Canton. Son prémier soin fut de s’assurer des Prisonniers et de faire travailler à transporter les Trésors à bord du Centurion. Cette précaution étoit de la dernière importance : car la navigation jusqu’à Canton devoit se faire à travers des Mers, pas trop bien connues, et où, vu la saison, on devoit s’attendre à de mauvais tems. Il convenoit que les Trésors fussent dans le Centurion, que la présence du Commandeur, la bonté de l’Equipage et plusieurs autres avantages, rendoient bien plus assuré, contre tous les accidens, que le Galion. Il étoit encore plus important de s’assurer des Prisonniers ; car delà dépendoient non seulement les Trésors, mais aussi la vie des Vainqueurs ; et cet article donna bien de l’inquiétude à Mr. Anson. Ces Prisonniers étoient du double plus nombreux, que ceux qui les avoient pris, et quelques-uns d’entre eux, transportés sur le Centurion, après avoir observé la foiblesse de son Equipage, dont plusieurs n’étoient pas même des hommes faits, ne purent s’empêcher de marquer leur indignation de se voir vaincus, dirent-ils, par une poignée d’Enfans. Voici ce qu’on fit pour leur ôter les moyens de se révolter ; tous, hormis les Officiers et les blessés, furent mis à fond de Cale, où on laissa deux Ecoutilles ouvertes, pour y donner autant d’air qu’il étoit possible ; et pour n’avoir pas d’inquiétude, tandis que nos Gens seroient occupés à la maneuvre du Vaisseau, on fit deux espèces de Tuyaux de