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coup de mépris, toutes les formalités, usitées dans l’ехercice des Troupes de Terre, mais lorsque ceux qui ont voulu leur enseigner le maniment des armes, se sont contentés de leur apprendre ce qui est nécessaire, et cela de la manière la plus simple, ils les ont trouvés dociles, et en ont tiré bon parti. Ainsi sur le Vaisseau de Mr. Anson, on apprenoit seulement aux Matelots, la manière la plus prompte de charger avec des Cartouches ; on les exerçoit continuellement à tirer à un Blanc, pendu au bout d’une Vergue, et on donnoît des prix à ceux qui tiroient le mieux : par ces moyens tout l’Equipage devint fort adroit au maniment des armes ; chargeoit très vite, tiroit juste, et quelques-uns même admirablement bien. Un pareil Equipage vaut le double pour le combat, d’un autre égal en nombre, mais qui n’auroit pas été dressé à tirer.

J’ai dit que ce fut le dernier de Mai, N. S. que le Centurion arriva à la hauteur du Cap Espiritu Santo ; et par conséquent la veille du mois, où les Galions sont attendus : aussi le Commandeur fit tous les préparatifs nécessaires, pour les bien recevoir ; il fit descendre la double Chaloupe et la fit amarrer au côté du Vaisseau, afin d’être prêt à combattre, en cas qu’il vînt à rencontrer le Galion pendant la nuit. Il eut encore grand soin de se tenir assez éloigné du Cap, pour n’en être pas découvert : cependant nous avons su depuis, que malgré ces attentions, il fut vu de terre, et qu’on en donna avis à Manille, où on n’en voulut rien croire la prémière fois ; mais sur des avis réitérés, car il fut vu plus d’une fois, les Marchands prirent l’alarme, et s’adressèrent au Gouverneur, qui entreprit d’équiper une Escadre de deux Vaisseaux de trente-deux pièces, d’un de vingt, et de deux Barques de dix Canons, pour aller attaquer le Centurion, pourvu que les Marchands lui fournissent l’argent nécessaire. Quelques-uns de ces Bâtimens avoient déja levé l’ancre pour partir, mais le principal n’étant pas prêt, et la Mousson contraire, le Gouverneur et les Marchands se brouillèrent et la chose en demeura là. Il est surprenant que le Centurion fut vu si souvent de la Côte ; car la Pointe du Cap n’est pas fort élevée, et le Vaisseau fut presque toujours entre dix et quinze lieues de terre ; une fois seulement il se trouva le matin à sept lieues de la Côte, et on attribua cet effet aux Marées.

A mesure que le Mois de Juin s’avançoit, l’impatience de nos Gens alloit en augmentant. Pour donner une idée plus juste et plus vive de l’ardeur avec laquelle Ils attendoient ce Galiontrop tardif, je crois que le meilleur est, que je copie ici quelques courts articles du Journal d’un