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Ce n’étoit pourtant pas son dessein. En arrivant à son Vaisseau il trouva que le grand Mât étoit cassé en deux endroits, et que la voie d’eau s’étoit considérablement augmentée. Il fut donc plus convaincu que jamais, qu’il lui étoit impossible de partir sans donner le radoub à son Vaisseau, quand même il seroit fourni suffisamment de Vivres ; et prit une ferme résolution de caréner, avant que de quitter Macao, quelques difficultés qu’il pût y avoir. Il sentoit que les précautions qu’il avoit prises, pour ne pas causer d’embaras aux Officiers de notre Compagnie, lui en avoient causé à lui-même ; et il ne doutoit plus, que s’il avoit d’abord conduit son Vaisseau dans la Rivière de Canton, et s’il s’étoit d’abord adressé immédiatement aux Mandarins, sans s’amuser à la médiation des Marchands, il n’eût obtenu ses demandes sans perte de tems. Il voyoit qu’il avoit déjà perdu un mois, par les fausses mesures qu’on lui avoit fait prendre, et pour n’en pas perdre davantage, il résolut de s’y prendre tout autrement. Ainsi le lendemain de son retour de Canton, c’est-à-dire, le 17 de Décembre, il écrivit au Viceroi une Lettre dans laquelle il disoit, qu’il étoit Commandant en Chef d’une Escadre de Vaisseaux de guerre de Sa Majesté Britannique envoyée depuis deux ans dans la Mer du Sud, pour croiser sur les Espagnols, qui étoient en guerre avec le Roi son Maître ; qu’en s’en retournant en Angleterre, il étoit entré dans le Port de Масаo, à cause d’une voie d’eau, que son Vaisseau avoit, et par manque de provisions, et qu’il se trouvoit hors d’état de continuer son voyage, avant que d’avoir donné le radoub à son Vaisseau ; et de s’être pourvu de vivres. Il ajoutoit, qu’il avoit été à Canton pour tâcher d’être admis à l’audience de son Excellence, mais qu’étant Etranger et ignorant les usages du Païs, il n’avoit pu s’instruire des moyens propres à lui procurer cet avantage ; et qu’il se trouvoit réduit à avoir recours à celui de lui écrire cette Lettre. Il finissoit en priant le Viceroi de lui permettre de prendre et d’employer les Ouvriers nécessaires pour réparer son Vaisseau, et de lui faire fournir au plutôt possible, les Vivres et les provisions, dont il avoit besoin pour se mettre en état de partir durant la Mousson, qu’il lui importoit extrêmement de ne pas laisser passer.

Cette Lettre, traduite en Chinois, fut remise par Mr. Anson même dans les mains du Hoppo de Macao, en le priant de la faire parvenir en diligence au Viceroi de Canton. Cet Homme ne parut pas d’abord en disposition de s’en charger, et fit mille difficultés ; desorte que Mr. Anson