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Vice- de Canton. Il ajouta, qu’il ne recevoit aucune des provisions nécessaires à sa Garnison, que par permission des Magistrats Chinois, et que ces Messieurs ayant bien soin qu’on ne lui en fournît qu’au jour la journée, il étoit absolument dans leur dépendance, et qu’ils pouvoient toujours l’en faire passer par où ils vouloient, en mettant un Embargo sur les Bâtimens qui lui portoient des vivres.

Sur cette déclaration Mr. Anson prit le parti d’aller lui-même à Canton pour tâcher d’obtenir la permission du Viceroi, de se pourvoir de ce dont il avoit besoin ; et il loua une Chaloupe Chinoise, pour le transporter lui et sa Suite. Comme il étoit prêt à s’y embarquer, le Hoppo, ou Douanier Chinois de Macao, refusa la permission de faire partir la Chaloupe, et défendit à ceux qui devoient la naviguer de démarer. Le Commandeur tâcha d’abord d’engager le Норро à lever cette défense, et le Gouverneur employa pour cet effet, ses bons offices auprès du Hoppo ; mais cet homme étant inflexible dans sa résolution, Mr. Anson lui déclara le lendemain, qu’il alloit armer ses Chaloupes, pour s’en servir à faire son voyage, et lui demanda en même tems qui il croyoit assez hardi pour l’en empêcher. Ce ton menaçant fit d’abord ce que les prières n’avoient pu faire. La Chaloupe Chinoise eut permission de partir, et de porter Mr. Anson à Canton. A son arrivée dans cette Ville, il consulta les Supercargos et autres Officiers des Vaisseaux Anglais, sur les moyens d’obtenir du Viceroi la permission d’acheter les choses dont nous avions besoin : mais l’avis qu’il en reçut, quoique donné sans doute à bonne intention, ne fut pas fort prudent, comme il parut dans la suite. Ces Officiers de Compagnie n’approchent jamais du Viceroi, et employent la médiation des principaux Marchands Chinois, dans toutes les affaires où ils sont obligés d’avoir recours au Gouvernement. Ils conseillèrent à Mr. Anfon de se servir du même canal, et promirent de travailler de tout leur pouvoir à engager les Marchands Chinois à lui rendre service dans cette affaire ; et il n’est pas à douter qu’ils ne fussent sincères en faisant cette promesse. Les Marchands Chinois, dès qu’on leur en parla, entreprirent l’affaire sans difficulté, et promirent de la faire réussir ; mais après un mois de délais et d’excuses, pendant lequel ils assurèrent plus d’une fois qu’ils touchoient au succès de l’affaire, ils levèrent le masque, quand ils virent qu’on les pressoit et qu’on s’arrangeoit pour faire, parvenir une Lettre au Viceroi, ils avouèrent qu’ils n’en avoient jamais ouvert la bouche, et que même ils ne pouvoient le faire, le Viceroi étant trop grand Seigneur, pour