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CHAPITRE VII


Ce qui nous arriva à Macao.


Macao est une Ville Portugaise, située dans une Ile à l’embouchure de la Rivière de Canton. C’étoit autrefois une Ville très riche, très peuplée, et capable de se défendre, contre les Gouverneurs des Provinces de la Chine, de son voisinage ; mais à présent, elle est bien déchue de son ancienne puissance. Quoique habitée par des Portugais, et commandée par un Gouverneur, que le Roi de Portugal nomme, elle est à la discrétion des Chinois, qui peuvent l’affamer et s’en rendre maîtres, quand il leur plaira. C’est ce qui oblige le Gouverneur Portugais à user de grande circonspection, et à éviter soigneusement tout ce qui pourroit choquer le moins du monde, les Chinois. La Rivière de Canton est le seul Port de la Chine, fréquenté par les Européens, et c’est un lieu de relâche, à plusieurs égards, plus commode que Macao : mais les usages de la Chine à l’égard des Etrangers ne sont établis que pour des Vaisseaux marchands, et le Commandeur craignoit de jetter notre Compagnie des Indes dans quelque embaras, à l’égard de la Régence de Canton, s’il prétendoit en être traité sur un autre pié, que les Maîtres de Navire de cette Compagnie. C’est ce qui le fit résoudre à relâcher à Macao, avant que de se hazarder à aller à Canton. Sans la considération que je viens d’indiquer, il n’avoit rien qui fût capable de lui causer la moindre crainte : car il est certain qu’il pouvoit entrer dans la Rivière de Canton, y séjourner tant qu’il voudroit, et en partir lorsqu’il lui plairoit, quand toutes les forces de l’Empire Chinois auroient été employées pour s’opposer à lui.

Le Commandeur, par un effet de sa prudence ordinaire, envoya dès qu’il eut mouillé, un Officier au Gouverneur Portugais, pour faire les complimens à S. E. et la prier en même tems de lui donner ses avis sur la manière dont il devoit se conduire, pour ne pas choquer les Chinois, qui avoient à leur discrétion, quatre Vaisseaux de notre Compagnie. La difficulté, qui embarassoit le plus le Commandeur, étoit les Droits que payent tous les Vaisseaux qui entrent dans la Rivière de Canton ; impôt qui se règle sur la capacité du Navire. Les Vaisseaux de guerre sont exemts de toutes charges semblables en tout Païs, et Mr. Anson se fai-