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représenté qu’il leur seroit bien plus aisé d’avoir des vivres pour des marchandises, que pour la valeur des mêmes marchandises en argent. De quelque prétexte qu’on pût colorer ce projet, personne n’en fut la dupe ; et l’on n’eut aucune peine à comprendre, que l’unique but de ces Agens étoit de s’enrichir, par le commerce avantageux qu’il se proposoient de faire le long de cette côte. Mr. Anson, dès le commencement, s’opposa à la nomination des Agens Avitailleurs, et à la permission qu’on vouloit leur accorder de prendre une Cargaison à bord, il lui paroissoit, que dans le peu de Ports amis, où il auroit l’occasion de relacher, il n’auroit pas besoin du secours de ces Mrs. pour avoir les provisions que l’endroit pourroit fournir ; et sur la côte ennemie, il ne pensoit pas qu’il pussent lui procurer des vivres, à moins que (ce qu’il avoit bien résolu de ne pas souffrir) les opérations militaires de son Escadre ne dussent être réglées sur les ridicules vues de leurs projets de commerce. Tout ce qu’il croyoit que le Gouvernement devoit faire en cette occasion, étoit de faire embarquer sur la Flotte pour la valeur de 2 ou 3000 livres sterling de ces sortes de choses, que les Indiens ou les Espagnols établis dans les endroits les moins cultivés de la côte, voudroient peut-être prendre en échange pour des vivres. Et pour cela une cargaison médiocre suffisoit. Mais quoique le Chef d’Escadre s’opposat à l’établissement de ces Officiers, et à leur projet ; cependant, comme ils avaient insinué que leur plan, outre l’avantage d’avitailler l’Escadre, pourroit contribuer à établir un commerce lucratif sur cette côte, quelques personnes de la première distinction leur prêtèrent l’oreille, et des 15 000 liv. sterl. que devoit valoir leur Cargaison, le Gouvernement convint de leur en avancer 10 000. Ils levèrent les 5 000 autres à la grosse avanture. Les marchandises qu’ils achetèrent avec cette somme, furent les seules qu’on embarqua à bord de l’Escadre, quelque chose qu’on ait pu dire par la suite pour magnifier la valeur de la Cargaison.

Cette Cargaison fut d’abord mise à bord du Wager, Vaisseau destiné à servir de Magazin, parce qu’on ne voulut pas en embarrasser les Vaisseaux de Guerre. Mais étant à Ste. Catherine, Mr. Anson considéra, que si l’Escadre venoit à être dispersée, quelques-uns des Vaisseaux pourroient prétexter de manquer de provisions, faute de Cargaison pour les payer en troc. Pour ôter ce prétexte, il fit distribuer les marchandises du plus petit volume sur les Vaisseaux de Guerre, et laissa le reste à bord du Wager. Ce reste a été perdu, aussi bien qu’une grande partie