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Malades à terre. Pendant que nous nous acquittions de ce devoir, quatre Indiens, qui faisoient partie du Détachement commandé par le Sergent Espagnol, vinrent se remettre entre nos mains ; desorte qu’avec les quatre autres, que nous avions pris dans le Pros, nous en eumes huit en notre pouvoir. Un d’eux s’étant offert, de son propre mouvement, à nous indiquer le meilleur endroit pour tuer du Bétail, deux de nos Gens eurent ordre d’aller avec lui et de l’aider ; mais, un d’eux ayant eu l’imprudence de confier son fusil et son pislolet à l’Indien, celui-ci se sauva, et les emporta avec lui dans les Bois : ses Compatriotes, qui étoient restés avec nous, craignant qu’on ne les rendît responsables de la perfidie de leur Camarade, demandèrent la permission d’envoyer quelqu’un d’eux dans le Païs, avec promesse que cet Emissaire rapporteroit non seulement les armes, mais engageroit aussi tout le reste du Détachement de Guam à se rendre. Le Commandeur leur accorda leur demande ; et un d’eux ayant été dépêché sur le champ, nous le vimes revenir le lendemain avec le fusil et le pistolet ; mais il assura les avoir trouvés dans un sentier du Bois, et protesta avoir pris d’inutiles peines, pour découvrir quelqu’un de ses Compatriotes. Ce rapport avoit un air si peu vraisemblable, que nous soupçonnames qu’il se machinoit quelque trahison, dont il n’y avoit point de meilleur moyen de prévenir les effets, qu’en envoyant à bord tous les Indiens qui étoient entre, nos mains, ce qui fut exécuté sur le champ.

Quand nos Malades furent logés dans l’Ile, nous employames tous ceux, qui n’étoient pas absolument nécessaires pour les servir, à bien garnir plusieurs brasses de nos Cables, en commençant par l’endroit, où ils tiennent à l’ancre, pour les empêcher de s’user contre le fond. Cette précaution prise, nous songeames à boucher notre voye d’eau ; pour la mieux découvrir, nous commençames, le prémier de Septembre à transporter le Canon vers la poupe, afin de relever par-là, le devant du Vaisseau. Les Charpentiers ayant pu alors examiner par dehors l’endroit où étoit la voye d’eau, ôtèrent ce qui restoit encore du vieux doublage, calfatèrent toutes les fentes qu’il y avoit des deux côtés de l’Eperon, et les recouvrirent de plomb ; après quoi ils revêtirent le tout d’un nouveau doublage. Nous crumes alors avoir entièrement remédié à cet article, mais à peine eumes-nous remis une partie des Canons à leur place, que nous vimes rentrer l’eau par l’ancienne ouverture avec autant de violence que jamais. Il fallut recommencer l’ouvrage, et pour mieux réussir