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jou- de chaque côté de l’Etravé ; mais quoiqu’ils eussent trouvé l’endroit, ils convinrent qu’il n’y avoit absolument pas moyen de boucher l’ouverture, que quand le Vaisseau auroit gagné quelque Port, et qu’eux-mêmes pourraient travailler en dehors. Cependant ils eurent le bonheur d’empêcher l’eau de pénétrer dans le Vaisseau, ce qui fut un grand repos d’esprit pour nous.

Jusqu’alors nous avions envisagé le calme, qui avoit succédé à l’orage, et qui dura quelques jours, comme un très grand malheur, à cause que les Courans, en nous portant au Nord, nous exposoient au risque de dépasser les Iles des Larrons, dont nous nous croyions peu éloignés. Mais dès que le vent commença à fraichir notre situation devint plus fâcheuse encore ; car venant du S. O. il prenoit par cela même notre Vaisseau par proue ; et quoiqu’il ne tardât guère à se jetter au N. E., il y resta si peu, que ce retour de bonheur ne servit qu’à nous tourmenter. Le 22 d’Aout nous eumes la satisfaction de voir que le Courant étoit changé, et alloit au Sud. Le 23, à la pointe du jour, nous apperçumes deux Iles du côté de l’Ouest. Cette vue répandit une joie sans égale dans tout le Vaisseau, où regnoit auparavant un abattement général, aucun d’entre nous n’osant presque se flatter de revoir jamais terre. La plus prochaine de ces Iles, comme nous le sçumes dans la suite, étoit celle d’Anatacan. Nous la jugeames environ à quinze lieues de nous ; et elle nous parut montueuse, mais de médiocre grandeur. L’autre Ile étoit celle de Serigan, qui avoit plus l’air d’un haut Rocher, que d’un endroit où nous pussions espérer de mouiller. La vue de ces Iles est représentée au haut de la planche ci-jointe. Nous étions dans la dernière impatience de toucher à la première de ces Iles, dans l’espérance d’y trouver un bon ancrage, et d’un séjour propre à rétablir nos Malades. Mais le vent étoit foible, et avec cela si variable tout ce jour, que nous n’en approchames que très lentement. Cependant nous étions le lendemain assez. avancés à l’Ouest pour avoir la connoissance d’une troisième Ile, qui étoit celle de Paxaros, quoiqu’elle ne soit marquée dans la Carte que comme un Rocher. Elle est petite, et nous l’avions dépassée pendant la nuit, sans la voir, environ à la distance d’un mille. Etant, à midi, éloignés à peu prés de quatre milles de l’Ile d’Anatacan, on envoya la Chaloupe pour chercher un bon mouillage, et avoir des informations touchant les productions de l’Ile. Comme notre sort dépendoit de ces deux articles, nous attendimes le retour de la Chaloupe avec la dernière impatience.