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prise de la mettre en Mer, jusqu’à son départ de Sainte Hélène. J’ai cru que le détail de ces changemens méritoit d’être rendu public tant pour l’honneur de ceux qui ont formé le projet de l’Expédition, que de ceux auxquels on en a confié l’exécution. Il paroitra clairement par-là, que les accidens, qui empêchèrent dans la suite que cette Expédition n’ai été aussi avantageuse à la Nation, que la force de l’Escadre et l’attente du Public sembloient le promettre, eurent principalement leur source dans des obstacles qu’il n’a pas été possible à Mr. Anson de surmonter.

Quand vers la fin de l’Eté de l’Année 1739, on prévit qu’une guerre avec l’Espagne étoit inévitable, plusieurs de ceux qui étoient chargés alors de l’Administration des affaires, jugèrent que la démarche la plus prudente que la Nation pût faire, dès que la rupture seroit déclarée, étoit d’attaquer cette Couronne dans ses établissemens éloignés, car comme, en ce temps là, il y avoit une grande probabilité de succès, nous aurions, par ce moyen pu ôter à l’Ennemi ses principales ressources, et le réduire à la nécessité de désirer sincèrement la paix, puisqu’il se verroit privé de ces retours d’argent, qui le mettoient en état de continuer la guerre.

En conséquence de ces idées, on examina plus d’un Projet dans le Conseil, et différentes résolutions y furent prises. On convint d’abord, que George Anson, Ecuyer, actuellement Capitaine du Centurion seroit nommé Commandant en Chef pour l’Expédition projettée. Comme il étoit alors en Course, on envoya un Vaisseau, dès le commencement de Septembre, à l’endroit où il croisoit, pour lui ordonner de revenir avec son Vaisseau à Portsmouth. Dès qu’il y fut arrivé, c’est à dire le 10 du mois de Novembre suivant, il reçut une Lettre de Mr le Chevalier Wager, qui lui marquoit de se rendre à Londre, et de s’adresser à l’Amirauté. Etant là, le Chevalier Wager lui dit, qu’on alloit équiper au plutôt deux escadres pour deux Expéditions secrètes, qui auroient néanmoins quelque espèce de connexion ensemble : Que lui, Mr. Anson, auroit le commandement de l’une, et Mr. Cornwall, qui a depuis perdu la vie glorieusement en combattant pour sa patrie, celui de l’autre : Que l’Escadre sous les ordres de Mr. Anson devoit prendre à bord trois Compagnies indépendantes, chacune de cent hommes, et le Régiment d’Infanterie de Bland : Que ce Colonel, qui devoit être du Voyage, commanderoit les forces de Terre : Et qu’aussitôt que l’Escadre seroit prête à mettre en Mer, ils partiroient, avec ordre exprès de ne toucher en aucun endroit qu’à la pointe de Java dans les Indes Orientales : Qu’ils ne s’arrêteroient en cet endroit