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priété la plus remarquable de ce remède, étoit, qu’il agissoit à proportion des forces du Patient ; c’est ce que nous observames presque en tous ceux qui le prirent : desorte, que ceux, qui ne pouvoient plus vivre que deux ou trois jours, n’en étoient presque point affectés ; et, à proportion des progrès que la maladie avoit faits, le remède opéroit par une transpiration insensible, ou comme un vomitif, qui n’avoit rien de violent, ou bien enfin, comme une douce purgation : mais quand un homme, qui avoit encore toutes ses forces, prenoit le remède, tous les mêmes effets étoient produits avec violence, et duroient quelquefois huit heures sans discontinuer. Mais reprenons le fil de notre narration.

J’ai déja dit, que peu de jours après notre départ de la Côte du Мéxique, le grand Mât du Gloucester avoit été coupé presque entièrement ; que nous avions été obligés, de jumeller notre Mât de misaine ; et que, pour comble de malheur, nous n’eumes durant près de sept semaines que des vents contraires ou variables. J’ajouterai ici, que quand nous commençames à sentir soufler le vent alisé, et après qu’il se fut fixé entre le Nord et l’Est, ce vent ne fut presque jamais assez fort pour que le Centurion ne pût porter toutes ses voiles ; de sorte que si nous avions été seuls, nous aurions gagné les Iles des Larrons assez tôt pour sauver la vie à une bonne partie de notre Equipage. Mais faute de grand Mât le Gloucester alloit si pesamment, que nous portions rarement plus que nos voiles de Hune : encore étions-nous obligés d’être en panne de tems en tems ; et je crois que ce Vaisseau, qui essuia de plus divers autres malheurs, nous fit perdre près d’un mois entier. Une chose remarquable dans cette Traversée, c’est qu’il nous arriva rarement de passer plusieurs jours de suite sans voir une grande quantité d’Oiseaux ; ce qui est un signe, qu’il doit y avoir un grand nombre d’Iles, ou du moins de Rochers, dans ces Mers, et cela à une médiocre distance de la route que nous suivions. A la vérité, il y a quelques-unes de ces Iles marquées dans la Carte Espagnole, insérée ci-après. Mais ces volées d’Oiseaux parurent trop souvent, pour qu’il n’y ait pas davantage d’Iles que celles qu’on a découvertes jusqu’à présent ; car la plupart des Oiseaux que nous vimes, étoient de ceux qu’on sait faire leur séjour à terre ; et la manière, aussi-bien que le tems de leur arrivée, donnoient suffisamment à connoître, qu’ils venoient chaque matin de quelque endroit peu éloigné, et qu’ils y retournoient le soir. L’heure de leur venue et celle de leur départ varioient par degrés, ce