Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/298

Cette page n’a pas encore été corrigée

même parallèle. Mais ce qui étoit au moins certain, c’est que nous aurions gagné avant lui, le Cap Espiritu Santo, dans l’Ile de Samal ; et comme c’est la prémière Terre qu’il vient reconnoître à son retour aux Philippines, nous étions sûrs en y croisant quelques jours à cette hauteur, de l’y voir arriver. Ce projet étoit très beau, mais le Viceroi de Méxique le fit avorter en retenant le Galion toute l’année à Acapulco.

La Lettre qu’on avoit laissée dans la Pirogue, pour Mr. Hughes, lui donnoit l’ordre de retourner à son poste, devant Acapulco, où il trouveroit Mr. Anson qui l’y attendroit pendant un certain nombre de jours, après quoi on l’avertissoit que le Commandeur iroit vers le Sud, pour y rejoindre le reste de son Escadre. Ce dernier article n’étoit mis que pour induire les Espagnols en erreur, en cas que la Pirogue tombât entre leurs mains, comme il arriva ; mais Mr. Hughes ne pouvoit en être la dupe : il savoit bien que Mr. Anson n’avoit nul dessein de retourner au Pérou, ni d’Escadre à rejoindre.

Dès que nous fumes en pleine Mer, nous sentimes une extrême impatience de nous éloigner de ces Côtes, et de faire route pour la Chine. La mauvaise saison approchoit, et nous ne voyions faire dans les Mers de l’Amérique ; et ce fut pour nous une grande mortificatîon d’être obligés de perdre encore du tems dans ces Quartiers, à courir vers Acapulco, à la quête de notre Canot. 11 y avoit déja près de quinze jours, que le tems qu’il devoit croiser, étoit expiré ; et nous commencions à craindre qu’il n’eût été découvert de la Côte, et que le Gouverneur d’Acapulco ne l’eût envoyé enlever ; ce qui n’auroit pas été difficile, car il n’étoit monté que de six Hommes, Cependant, tout cela n’étoit que conjectures, et dès que nous fumes sortis du Port de Chéquétan, nous rangeames la Côte, en tirant à l’Est роuг aller chercher notre Canot ; et afin qu’il ne nous dépassat point dans l’obscurité, nous amenions nos voiles toutes les nuits, et le Gloucester, dont le cours étoit plus près de la Côte, d’une lieue, portoit un Fanal, que le Canot ne pouvoit manquer de voir, s’il rasoit la terre, comme nous comptions qu’il devoit faire. Par surcroit de précautions, chacun de nos deux Vaisseaux allumoit alternativement deux Feux, chaque demi-heure. Si malgré tout cela, il nous dépassoit, sans nous voir, il devoit trouver dans la Pirogue les directions nécessaires pour nous rejoindre.

Le Dimanche, 2 de Mai, parvenus à trois lieues d’Acapulco, et n’appercevant pas notre Canot, nous ne doutames plus de sa perte. Outre