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reçumes dans la suite, il parut qu’en continuant à croiser, comme nous fimes, nous avions agi très sagement. Car après l’embargo mis sur le Galion, comme on l’a dit ci-dessus, les principaux Intéressés à la Cargaison avoient envoyé divers Exprès à Méxique, pour qu’il fût permis au Vaisseau de partir. Comme ils savoient par des informations venues de Paita, que nous n’avions en tout que trois cens hommes, ils soutenoient qu’il n’y avoit rien à craindre de notre part, puisque le Galion avoit plus de six cens hommes à bord. Et quoique le Viceroi fût inflexible, par une espèce d’égard pour leurs représentations, le Vaisseau fut tenu près de trois semaines en état de mettre en mer, après le prémier ordre donné de le faire rester dans le Port.

Quand nous eûmes pris à bord nos Canots, et que les Vaisseaux de notre Escadre se trouvèrent rassemblés, Mr. Anson fit connoître par un signal à tous les Commandans qu’il vouloit leur parler. Il sçut d’eux qu’il y avoit à bord de l’Escadre une très médiocre provision d’eau ; et comme cet article nous obligeoit indispensablement à quitter nos postes, il demanda quel endroit leur paroissoit le plus convenable pour y faire de l’eau. Les avis se réunirent à choisir le Port de Seguatanéo ou Chéquétan, parce qu’il étoit le moins éloigné ; et il fut résolu de le gagner le plutôt possible ; et pour que, même dans le tems que nous serions occupés à pourvoir à un besoin aussi essentiel, nous ne pussions pas nous reprocher d’avoir négligé jusqu’à la simple possibilité de prendre le Galion, qui, nous sachant à Chéquétan risqueroit peut-être de mettre en Mer, Mr. Hughes, Lieutenant de la Prise du Tryal, eut ordre de croiser à la hauteur d’Acapulco pendant vingt et quatre jours ; afin qu’en cas que le Galion mît à la voile durant cet intervalle nous en fussions promtement informés. Conformément à ces résolutions, nous portames à l’Ouest, mais n’avançames guère, étant retardés dans notre route, tantôt par des Calmes, et tantôt par des Courans contraires. Dans nos intervalles de repos, nous nous occupions à décharger nos deux Prises, le Carmelo et le Carmin, de ce qu’ils avoient de meilleur, ayant dessein de détruire ces deux Vaisseaux, quand nous en aurions ôté ce qui pourroit nous convenir.

Le prémier d’Avril nous nous trouvames si avancés vers Seguatanéo que nous crumes devoir envoyer nos deux Chaloupes pour ranger la Côte, et chercher 1’aiguade. Elles s’étoient déja séparées de nous depuis quelques jours, et notre provision d’eau commençoit à tirer à sa fin. Le déplaisir, que nous causoit ce dernier article, fut un peu adouci par le bon-