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ment, et que l’obscurité de la nuit auroit empêché de concerter les mesures nécessaires pour sa défense ; si-bien qu’il y avoit une grande probabilité que nous emporterions le Fort d’assaut, et en ce cas les autres Batteries, étant accessibles par derrière, auroient été bientôt abandonnées ; après quoi la Ville, les Habitans, et tout le trésor seroient tombés entre nos mains ; car la Place est tellement renfermée entre des Montagnes, qu’il n’est presque pas possible de s’en sauver, que par le grand chemin, qui est marqué I. I. dans le plan, et qui passe sous le Fort. Tel étoit en général le projet que le Commandeur avoit conçu ; mais quand il se mit à examiner en détail tout ce qu’il falloit pour réussir dans l’exécution, il trouva un obstacle, qui, étant insurmontable, l’obligea à renoncer à l’entreprise : car interrogeant les prisonniers sur les vents qui regnent près de la Côte, il apprit, et la chose fut confirmée dans la suite par le témoignage des Officiers de nos Canots, qu’à une médiocre distance du rivage on avoit un calme tout plat la plus grande partie de la nuit, et que vers le matin il se levoit toujours un vent de terre ; desorte que le dessein de mettre le soir à la voile, pour arriver le lendemain avant le jour à Acapulco, étoit absolument impraticable.

Le projet, comme il a été dit, avoit été formé par le Commandeur, dans la supposition que le départ du Galion étoit renvoyé à l’année suivante : mais comme ce n’étoit là qu’une supposition, et qu’il étoit possible, que ce Vaisseau mît en mer dans quelques jours, le Commandeur jugea devoir continuer à croiser au même endroit, aussi longtems que ses provisions de bois et d’eau, et la saison convenable pour se rendre à la Chine, comme il en avoit le dessein, pourroient le permettre. Les Canots ayant ordre de rester devant Acapulco jusqu’au 23 de Mars, l’Escadre ne changea point de position jusqu’à ce jour. Comme nous ne vimes point paroître nos Canots, nous commençames à être un peu en peine pour eux, et craignimes qu’ils n’eussent souffert de l’Ennemi ou du mauvais tems ; mais nous fumes tirés d’inquiétude le lendemain matin, en les découvrant, quoiqu’à une grande distance, et sous le vent de l’Escadre. Nous portames sur eux, et les ayant pris à bord, nous sçumes d’eux, qu’ils avoient quitté leur poste la veille, sans avoir vu de Galion ; et nous trouvames que la cause qui les avoit portés si loin au dessous du vent de notre Flotte, étoit un Courant très fort, qui avoit fait dériver toute l’Escadre au lof.

Je ne dois pas oublier de dire ici, que, par les informations que nous