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avec avec la dernière impatience le 3 de Mars. La plupart de nous eumes ce jour-la les yeux continuellement tournés vers Acapulco ; et nous étions si fortement prévenus de la vérité du rapport qui nous avait été fait, et de la certitude que nous verrions le Vaisseau sortir du Port, que tantôt l’un et tantôt l’autre des gens de notre Equipage croyoient découvrir un de nos Canots, qui revenoit avec un signal. Mais à notre grand regret, ce jour et la nuit suivante se passèrent sans que nous eussions la moindre nouvelle du Galion ; cependant, nous ne perdimes pas encore espérance, dans la flatteuse idée que quelque accident imprévu était arrivé, qui avoit fait différer le départ du Galion de quelques jours. Nous savions

d’ailleurs que le tems, fixé par le Viceroi pour le départ de ce Vaisseau, étoit souvent reculé à la réquisition des Marchands du Méxique. Nous nourrissions ainsi notre espoir, sans rien diminuer de notre vigilance ; et comme le 7 de Mars étoit un Dimanche, prémier jour de la semaine de la Passion, dont les Catholiques sont de rigides Observaleurs, et qu’ils célèbrent par une cessation totale de tout travail, desorte que, durant toute cette semaine, il n’est permis à aucun Vaisseau de sortir du Port ; nos craintes furent appaisées pendant quelques jours, et notre imagination se plia à attendre le Galion la semaine suivante. Le Vendredi de cette semaine nos Canots revinrent, et les Officiers, qui les montoient, déclarèrent qu’ils étoient persuadés que le Galion étoit encore dans le Port, n’étant pas possible qu’il en fût sorti sans qu’ils l’eussent vu. Le Lundi matin de la première semaine après celle de la Passion, c’est-à-dire le 15 de Mars, les Canots furent renvoyés à leur poste, et nous nous laissames tout de nouveau aller à d’agréables espérances ; mais dans l’espace d’une semaine notre ardeur se trouva grandement rallentie, et l’on ne remarqua parmi nos gens qu’un abbattement presque général. Car il y en avoit, encore quelques-uns, qui conservoient un reste d’espérance, et qui étoient très ingénieux à trouver, des raisons pour se persuader, que quelque accident avoit simplement fait différer le départ du Galion. Mais la plus grande partie de notre monde n’étoit point de ce sentiment, et tenoit pour une chose sûre, que l’Ennemi avoit, de manière ou d’autre, découvert que nous étions sur la Côte, et mis pour cette raison un embargo sur le Galion jusqu’à l’année suivante. Et véritablement, cette opinion ne se trouva que trop bien fondée ; car nous apprimes dans la suite, que notre Bateau à rame, dans le tems qu’il avoit été envoyé à la découverte du Port d’Acapulco, avoit été apperçu de la Côte ; et qu’il