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plets et prévenir jusqu’à la possibilité que le Galion ne nous échappat pendant la nuit, les deux Canots appartenant au Centurion et au Gloucester furent pourvus de monde, et détachés vers la Côte, avec ordre de se tenir pendant tout le jour à la distance de quatre ou cinq lieues de l’entrée du Port, où, à cause de leur petitesse, ils ne couroient aucun risque d’être découverts ; mais la nuit ils devoient s’approcher davantage, et dès la pointe du jour retourner à leur prémier poste. Aussitôt que les Canots auroient apperçu le Vaisseau de Manille, un d’eux avoit ordre de rejoindre l’Escadre, et de marquer par un signal si le Galion portoit à l’Est ou à l’Ouest ; pendant que l’autre devoit suivre le Galion à une certaine distance, et, en cas qu’il fît obscur, diriger les Vaisseaux de l’Escadre dans leur chasse par des feux. La situation particulière de chaque Vaisseau et des Canots, et l’éloignement où ils devoient être l’un à l’égard de l’autre, seront plus faciles à comprendre par la planche ci-jointe, dont chaque Commandant de Vaisseau avoit une Copie jointe à ses ordres.

Outre les précautions prises pour empêcher que le Galion ne passât sans être apperçu, nous n’avions pas négligé celles qui étoient nécessaires pour le combattre avec avantage en cas d’engagement : car eu égard au peu de monde que nous avions, et aux vanteries des Espagnols au sujet de la grandeur de ce Vaisseau, aussi bien que de l’Artillerie et de l’Equipage dont il étoit monté, cet article méritoit sans doute d’entrer en considération. Comme nous supposions, qu’à l’exception du Centurion et du Gloucester, aucun de nos Vaisseaux n’étoit en état de prêter le flanc au Galion, nous primes à bord du Centurion tout ce que le Carmelo et le Carmin purent nous fournir de monde, en ne gardant que ce qui leur en étoit absolument nécessaire pour naviguer ces Vaisseaux ; et le Capitaine Saunders eut ordre d’envoyer de la Prise du Tryal dix Anglois, et autant de Nègres, afin de renforcer l’Equipage du Gloucester. Pour tirer tout le parti possible de nos Nègres, dont nous avions un nombre considérable à bord, nous leur promimes à tous la liberté, en cas qu’ils fissent bien leur devoir, et comme depuis deux mois ils avoient presque tous les jours été exercés à manier le Canon, ils pouvoient nous être de grand service. Ils nous témoignèrent être dans les meilleures dispositions du monde à cet égard, tant par l’espoir de recouvrer leur liberté, que par un principe de reconnoissance pour la manière dont ils avoient été traités parmi nous.

Tout étant ainsi préparé pour bien recevoir le Galion, nous attendions