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Volcan ; je crois plutôt que c’étoit du Chaume ou de la Bruyère, où on avoit mis le feu pour quelque usage d’Agriculture.

Lorsque le lever du Soleil fit ainsi évanouir les chimères agréables qui nous avient occupés toute la nuit, nous nous trouvames à neuf lieues de la Côte qui court en cet endroit du N. 0. à l’Est demi-quart au Nord. Nous observames deux Mondrains fort remarquables, tels que ceux qu’on appelle ordinairement des Mammelles, qui nous restoient au Nord. Un pilote Espagnol et deux Indiens, qui seuls de tous nos gens pouvoient prétendre à quelque connoissance de la Côte, où nous étions, assuroient que ces Mondrains étoient situés au-dessus du Port d’Acapulco. Nous eumes cependant de fortes raisons de nous défier de leur habileté à cet égard ; ces Mammelles étoient, suivant nos observations, à 17° 56’ et Acapulco n’est, dit-on, qu’à 17° de Latitude ; et nous fumes pleinement convaincus dans la suite qu’ils se trompoient. Ils se prétendoient pourtant bien surs de leur fait, et soutenoient que la hauteur de ces Mondrains en étoit une preuve sans réplique ; la Côte, à ce qu’ils disoient, quoique fort à tort, étant très basse à l’Est et à l’Ouest d’Acapulco.

Nous étions sûrement sur la route du Galion de Manille, mais c’étoit une question s’il seroit déjà arrivé ou non ; car la fin de Janvier étoit bien proche. En examinant nos Prisonniers, ils nous dirent que le Galion n’arrivoit quelquefois qu’au milieu de Février, et ils vouloient nous persuader que le feu que nous avions vu sur la Côte, étoit une preuve certaine qu’il n’étoit pas encore arrivé, parce que c’étoit l’usage, suivant eux, d’allumer de pareils feux, pour lui servîr de fanaux, lorsqu’il tardoit trop à paroître. Nous n’avions que trop de penchant à les croire, en une chose qui flattoit tant nos plus chères espérances, et nous résolumes de croiser quelques jours, en attendant ce Vaisseau. Pour cet effet nous étendimes notre Escadre, à douze lieues de la Côte, de manière qu’il étoit impossible qu’il passat sans que nous le vissions. Cependant au bout de quelque tems nos doutes recommencèrent ; d’ailleurs nos Equipages avoient besoin de relâcher dans quelque Port et de s’y rafraîchir ; desorte qu’enfin nous résolumes de sortir de cette incertitude, et de nous éclaircir sur le sujet de l’arrivée de ce Vaisseau, afin d’avoir la liberté de relâcher, en cas qu’il fût déja arrivé, ou d’animer nos gens et de les faire résoudre de bonne grace à continuer à tenir la Mer, en cas qu’il fallut encore l’attendre. Notre Commandeur, après avoir interrogé avec soin nos Prisonniers, prit le parti d’envoyer, à la faveur de