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me nous supposions que notre Détachement étoit alors bien près de débarquer, nous voguames doucement vers la Baye. A sept heures du matin, nous nous trouvames à son entrée, et bientôt après nous découvrimes la Ville. Quoique nous n’eussions pas lieu de douter du succès de notre entreprise, ce fut pourtant avec une joye sensible, que nous apperçumes, à l’aide des Lunettes d’approche, le Pavillon Anglois, arboré au Fort. Nous louvoyames avec ardeur pour approcher de la Ville, aussi vite que nous pouvoit permettre le vent de terre gui souffloit alors. A onze heures, la Pinasse du Tryal vint à bord, chargée de piastres et d’argenterie d’Église, et l’Officier qui la commandoit nous fit le récit de ce qui s’étoit passé la nuit précédente, tel que je viens de le donner. A deux heures après-midi, nous jettames l’ancre, sur dix brasses et demie d’eau, à un mille et demi de la Ville, et par conséquent à portée d’avoir facilement communication avec ceux qui étoient à terre. Nous trouvames que Mr. Brett s’étoit employé sans relâche à rassembler les Trésors qu’il avoit trouvés dans la Ville, et qu’il n’avoit pas été troublé dans cette occupation. Cependant l’Ennemi assembloit toutes les Forces des environs sur une hauteur qu’on voyoit derrière la Ville, et ces Forces ne paroissoient pas méprisables. Nous y distinguions entre autres environ deux cens Cavaliers, bien montés, et bien armés, à ce qu’il nous paroissoit, et le tout étoit rangé en assez bon ordre, avec nombre de Tambours, de Trompettes et de Drapeaux. Ils faisoient le plus de bruit qu’ils pouvoient avec cette Musique guerrière, et paradoient avec grande ostentation, dans l’еsрéгапсе de nous intimider, et de nous forcer à nous retirer avant que d’avoir fini d’emporter notre butin, car ils savoient déja le peu de monde que nous avions à terre. Nous n’étions pas assez aisés à effrayer, pour croire que, leur Cavalerie, sur laquelle ils paroissoient le plus compter, ôsat s’engager dans les rues et venir nous attaquer entre les maisons, quand même nous eussions encore été en plus petit nombre. Ainsi nous continuames tranquilement tant que le jour dura, à embarquer le Trésor, les provisions, et les rafraichissemens, tels que Porcs, Volailles, etc. que nous trouvames dans cette Ville en grande abondance, Vers la nuit, le Commandeur pour prévenir toute surprise, envoya du renfort à terre : on prit poste dans les Rues qui aboutissoient à la Place, et on les traversa toutes de Barricades de six pieds de haut. L’Ennemi se tint tranquille pendant la nuit, et le lende-