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sister, malheurs qu’aucune prudence humaine ne pouvoit prévoir ni prévenir, donnèrent occasion à tous les Vaisseaux destinés pour Valparaiso, de gagner ce Port, durant ce fâcheux intervalle. Car quoique, après nous être séparés du Capitaine Saunders, nous nous hâtassions de regagner notre croisière, où nous arrivames le 29, à midi, nous n’eumes cependant pas le bonheur de découvrir une seule voile jusqu’au 6 d’Octobre : ainsi jugeant que ce seroit du tems perdu que de s’opiniâtrer à rester davantage, nous portames au lof du Port, dans le dessein de joindre nos prises ; mais quand nous arrivames à leur croisière, nous ne les apperçumes pas, quoique nous y restassions quatre ou cinq jours. Dans la supposition, qu’elles s’étoient éloignées en donnant la chasse à quelque Vaisseau ennemi, nous rangeames la Côte jusqu’aux hauteurs de Nasca, où le Capitaine Saunders avoit ordre de nous joindre. Nous gagnames cet endroit le 21 pleins d’espérance de rencontrer quelques Vaisseaux ennemis sur la Côte : car le témoignage de ceux qui avoient navigé autrefois dans les mêmes Parages, et le rapport de nos Prisonniers, s’accordoient à nous assurer, que tous les Vaisseaux destinés pour Callao, passent toujours par-là, afin de ne pas courir risque de tomber sous le vent du Port. Cependant nous ne vimes pas une seule Voile jusqu’au 2 de Novembre. Ce jour-là nous apperçumes deux Vaisseaux, auxquels nous donnames la chasse, et qui se trouvèrent bientôt être les prises du Tryal et du Centurion. Comme ils avoient l’avantage du vent, nous ferlames nos voiles pour les attendre. Le Capitaine Saunders vint à notre bord, et informa le Commandeur, qu’il avoit exécuté ses ordres touchant le Tryal ; qu’il n’avoit point pu faire couler ce Vaisseau à fond avant le 4 d’Octobre, la Mer ayant été si grosse, et le Vaisseau, faute de Mâts et de Voiles pour le gouverner, si agité, qu’il n’avoit pas été possible à la Chaloupe de le prolonger durant la plus grande partie de tout ce tems ; que pendant qu’ils attendoient ainsi l’occasion de se rendre à bord du Tryal, ce Vaisseau et eux avoient été emportés si loin au Nord-Ouest, qu’ils s’étoient vus obligés de courir la bande de l’Ouest, pour regagner leur croisière ; et que c’étoit à cause de cela que nous ne les y avions point trouvés. Au reste, ils n’avoient pas été plus heureux quе nous, n’ayant rencontré aucun Vaisseau, depuis qu’ils s’étoient séparés de nous. Ce trait de conformité, et la certitude où nous étions, que si, depuis quelque tems des Vaisseaux eussent navigé dans ces Mers, nous les aurions rencontrés, nous déterminèrent à croire, que ceux de