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qu’on lui dit, il entreprit encore de les mener aux Etablisemens Espagnols : et de les nourir sur la route, ce qui lui étoit facile, vu l’habileté commune à tous les Indiens, en fait de Peche et de Chasse. Ce fut vers le milieu de Mars, que ces cinq Messieurs partirent pour Chiloé, après que l’Indien leur eut rassemblé les Canots nécessaires, et engagé quelques-uns de ses voisins à les naviguer. Mr. Elliot, le Chirurgien, mourut peu après leur embarquement, et ils se trouvèrent réduits à quatre. Enfin au bout d’un voyage très difficile par Mer et par terre, Mrs. Cheap, Byron, et Campbell arrivèrent au commencement de Juin à Chiloé où les Espagnols les reçurent avec beaucoup d’humanité. Pour Mr. Hamilton, une querelle survenue entre les Indiens retarda son voyage, et il n’arriva que deux mois après les autres. Il s’étoit écoulé douze mois depuis le naufrage du Wager lorsque cette Troupe, réduite de vingt personnes à quatre, termina cette course fatiguante, et il étoit bien tems ; car pour peu quelle eût durée, il n’y pas d’apparence qu’il en fût réchappé un seul. Le Capitaine eut bien de la peine à se remettre, et ils se trouvoient réduits tous quatre si bas, par les mauvais tems, les travaux, et la misère qu’ils avoient essuiée, qu’il est étonnant qu’ils ayent pu en revenir. Après quelque séjour à Chiloé, ils furent transportés à Valparaiso, et delà à St. Yago, Capitale du Chili, où ils demeurèrent plus d’une année ; et au bout de ce tems, sur la nouvelle d’un Cartel réglé entre la Grande Bretagne et l’Espagne, le Capitaine Cheap, et Mrs. Byron et Hamilton, eurent permission de retourner en Europe, à bord d’un Vaisseau François. Pour Mr. Campbell, il changea de Religion, pendant son séjour à St. Jago, et s’en fut à Buenos Ayres avec Pizarro et ses Officiers, avec lesquels il passa en Espagne, à bord de l’Asie. Les mouvemens qu’il se donna pour entrer au service de cette Couronne, ne réussirent pas, et il repassa en Angleterre, pour tâcher d’y rentrer dans le service. Il a publié depuis le récit de ses avantures, et dans cet Ouvrage il se plaint fort du tort qu’on lui a fait, et nie qu’il ait jamais été au service d’Espagne. Mais les offres qu’il a faites à cette Cour, et son changement de Religion, sont, à ce qu’il sait fort bien, deux sujets susceptibles de preuves, aussi a-t-il jugé à propos de laisser ces deux articles dans un profond silence. Après ce détail des avantures de l’Anne et des malheurs du Wager, je reviens à ce qui nous arriva à nous mêmes.