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grandeur de la Baye fait que l’incertitude, qu’il y a sur ce sujet, est moins importante. L’Ile d’Inchin qui est devant cette Baye, est apparemment une des Iles des Chonos que les Géographes Espagnols marquent en grand nombre le long de cette Côte. Elles sont habitées au rapport des mêmes Géographes, par un Peuple barbare, fameux par sa haine pour les Espagnols, et par les cruautés qu’il exerce sur ceux de cette Nation qui lui tombent entre les mains. Il se pourrait bien que ce que nos Gens prirent pour le Continent fût aussi une Ile, et que la Terre ferme fût beaucoup plus reculée à l’Est. Les profondeurs de l’eau, dans les différens endroits du Port, sont suffisamment marquées dans ce Plan, aussi bien que les Canaux par où le Port communique avec la Baye. Mais il est bon d’avertir qu’il y a deux endroits propres à caréner les Vaisseaux, l’eau y étant toujours tranquille : on trouve aussi plusieurs Ruisseaux d’une eau excellente, qui tombent dans le Port, et dont quelques-uns sont si heureusement disposés, qu’on y peut remplir les futailles dans la double Chaloupe, par le moyen d’une écope. Le plus considérable de ces Ruisseaux est celui qui est marqué dans le Plan au N. E. du Port. Nos Gens trouvèrent quelques Poissons dans ce Ruisseau, et sur-tout quelques Mulets d’excellent goût ; et ils furent persuadés que dans une meilleure saison, il étoit beaucoup plus poissonneux. Les principaux rafraichissemens qu’ils trouvèrent en cet endroits étoient des Plantes, telles que le Céleri sauvage, les Orties, et des Coquillages, tels que des Pétoncles et des Moules d’une grandeur extraordinaire et d’un très bon goût ; des Oyes en grande quantité, des Mouettes, et des Pengouins. Tous ces mets étoient exquis pour des gens qui avoient tenu la Mer si longtems. Le Climat ne paroissoit pas rude, quoiqu’on fût au milieu de l’Hiver : les Arbres et le Gazon offroient encore quelque verdure aux yeux : et dans l’Eté, on y trouveroit sûrement plusieurs rafraichissemens qui y manquoient alors. N’en déplaise aux Auteurs Espagnols qui ont parlé des Habitans de ces Iles, nos Gens eurent lieu de croire qu’ils ne font pas à beaucoup près aussi redoutables qu’on les a dépeints, ni par leur nombre ni par leur cruauté. Un autre avantage de ce Port, c’est qu’il est fort éloigné des Etablissemens des Espagnols, et si peu connu d’eux, qu’avec un peu de précaution, un Vaisseau pourroit y séjourner longtems sans qu’ils en eussent connoissance. De plus c’est un lieu de facile défense ; car si on étoit en possession de l’Ile qui forme le Рort, et qui n’est accessible que par peu d’endroits, on pourroit avec peu de forces, garder ce