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ordre d’examiner toutes les Bayes et les Rades de l’Ile de Masa-Fuéro pour savoir si quelqu’un de nos Vaisseaux ne s’y trouvoit pas. Dès le lendemain, on fit passer à bord du Tryal, quelques-uns de nos meilleurs hommes, pour racommoder ses agrés, et le mettre en état d’aller en Mer : notre Chaloupe fut employée à le fournir d’eau, et l’on tira tout le reste dont il pouvoit avoir besoin, du Centurion et du Gloucester. Tous ces préparatifs étant finis, le 4 d’Aout, le Tryal leva l’ancre, mais le calme, qui vint d’abord, et la Marée, le firent dériver sur la Côte Orientale. Le Capitaine Saunders fit des Feux, et tira plusieurs coups de Canon, pour signal de détresse. On envoya à son secours toutes les Chaloupes, qui touèrent le Vaisseau dans la Baye, où il mouilla, jusqu’au lendemain, qu’il repartit à la faveur d’une brise assez fraiche.

Depuis l’arrivée du Gloucester, nous nous employames à examiner et à racommoder nos agrés. En visitant notre Mât de Misaine, nous fumes fort alarmés de le trouver fendu justement au-dessus du prémier pont, près des Barrots du second pont : la fente étoit de deux pouces de profondeur et de douze de circonférence, mais les Charpentiers après l’avoir examinée, jugèrent qu’en jumellant ce Mât avec deux chevilles de jas d’ancre, il seroit aussi bon qu’il l’eût jamais été. Ce qui nous manquoit le plus étoient les Cordages et le Canevas ; car quoique nous nous fussions chargés d’une plus grande quantité de l’une et de l’autre de ces provisions, qu’on ne l’avoit jamais fait, les tempêtes continuelles que nous avions essuyées nous en avoient tant fait consumer, que nous en avions grande disette : de sorte qu’après avoir employé tous nos vieux Cables, et les vieux Haubans que nous avions, pour en faire de la corde deux fois torse, nous fumes obligés de défaire un Cable pour en faire des cordes roulantes : A l’égard des Canevas et des restes de Voiles, tout ce que nous en pumes ramasser suffit à peine à nous faire une Voilure complette.

Vers le milieu d’Aout, nos Malades, qui se trouvoient à peu près guéris, eurent permission de quitter les Tentes où ils avoient été logés jusqu’alors, et de se huter chacun à part. On crut qu’en demeurant ainsi séparés, ils pourroient s’entretenir plus propres, et se rétablir au plus vite ; on eut soin en même tems de leur enjoindre bien expressement de se rendre tous au bord de la Mer, au prémier coup de Canon qui seroit tiré du Vaisseau. Leurs occupations étoient de se procurer des rafraichissemens, de couper du bois, et de faire de l’huile de la graisse des Lions marins. Cette huile nous étoit bonne à divers usages ; elle servoit pour