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redoutable. Si nous avions eu le malheur d’être obligés alors de combattre, nous n’aurions pas eu trente hommes en état d’agir.

Pendant qu’une partie de nos gens étoit occupée à nettoyer le Vaisseau, et à faire de l’eau, d’autres dressèrent un four de cuivre, proche de nos Tentes de malades, et nous fumes bientôt en état de leur fournir tous les jours du pain frais, aussi bien qu’au reste de l’Equipage. Nous ne doutions pas que ce rafraichissement, joint aux Herbages et au Poisson, ne contribuât beaucoup au rétablissement de nos gens, et c’est ce qui nous étoit de la dernière nécessité ; car des accîdens qui eussent été moins que rien pour un Vaisseau bien monté, nous causoient dans l’état où nous étions, les alarmes les plus vives et les mieux fondées. Nous en fimes une fâcheuse expérience le 30 de Juin, à cinq heures du matin ; un violent coup de vent, venant de Terre, fit rompre le petit cable de notre ancre, à dix brasses de l’arganeau. Heureusement pour nous, le cable ordinaire tint, malgré la violence de la secousse, et nous nous trouvames sur quatre-vingts brasses d’eau, après avoir filé deux cables jusques au bout. Nous n’avions pas alors douze Matelots dans le Vaisseau, et nous craignions que si le vent continuoit à souffler avec la même force, nous ne fussions poussés en Mer, dans ce triste état. Cependant nous envoyames la Chaloupe à terre, pour chercher tous ceux qui étoient capables d’agir ; et le vent venant à baisser, permit à la Chaloupe de revenir et de nous ramener du renfort. Avec ce secours, nous nous mimes d’abord à travailler, et à retirer ce qui restoit encore du cable, que nous soupçonnions avoir été endommagé par les roches du fond, avant même qu’il rompît. Cette conjecture se trouva juste, car sept brasses et demie du bout de ce cable se trouvèrent usées et hors d’état de servir. L’après-midi, nous talingames le cable à l’ancre de réserve, et la passames par dessus le Bossoir. Le lendemain matin, 1 de Juillet, aidés d’un vent favorable et modéré, nous touames notre Vaisseau dans la Baye, et jettames l’ancre à quarante et une brasses. La pointe Orientale nous restoit à l’Est, demi-quart au Sud ; l’Occidentale N. O. vers l’О. & la Baye, comme auparavant S. S. O. situation où nous restames depuis en grande sureté. Cependant nous étions fort fâchés de la perte de notre ancre, et nous fimes tout ce que nous pumes pour la retrouver, mais il n’y eut pas moyen : la Bouée avait disparu dans le moment même que le cable se rompit.

A mesure que nous avancions dans le mois de Juillet, plusieurs de nos