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ne saurois me dispenser d’en donner ici la description.

Les Lions marins, quand ils ont toute leur taille, peuvent avoir depuis douze jusqu’à vingt pieds de long, et en circonférence depuis huit pieds jusqu à quinze : ils sont tellement gras, qu’après avoir fait une incision à la peau, qui a environ un pouce d’épaisseur on trouve au moins un pied de graisse avant que de parvenir à la chair ou aux os ; et nous fimes plus d’une fois l’expérience, que la graisse de quelques-uns des plus gros nous fournissoit jusqu’à cent vingt et six galons d’huile, ce qui revient à peu près à cinq cens pintes mesure de Paris. Ils sont aussi fort sanguins ; car, si on leur fait de profondes blessures dans une douzaine d’endroits, on verra jaillir à l’instant avec beaucoup de force, autant de fontaines de sang. Pour déterminer la quantité de leur sang, nous en tuames d’abord un à coups de fusil, lui ayant ensuite coupé la gorge, nous mesurames le sang qu’il rendit, et trouvames, qu’outre celui qui restoit encore dans les vaisseaux, et qui n’étoit pas peu de chose, il en avoit rendu au moins deux barriques. Leur peau est couverte d’un poil court de couleur tannée claire ; mais leur queue, et leurs nageoires, qui leur servent de pieds quand ils sont à terre, sont noirâtres. Les extrémités de leurs nageoires ne ressemblent pas mal à des doigts, joints ensemble par une membrane. Mais cette membrane ne s’étend pas jusqu’au bout des doigts, qui sont garnis chacun d’un ongle. Outre la grosseur, qui les distingue des Veaux marin, ils en diffèrent, encore, en plusieurs choses, et sur-tout les mâles, qui ont une espèce de grosse trompe, qui leur pend du bout de la mâchoire supérieure de la longueur de cinq ou six pouces ; cette partie ne se trouve pas dans les femelles, ce qui les fait distinguer des mâles au premier coup d’œil, outre qu’elles sont beaucoup plus petites.

La Planche ci-jointe représente exactement l’un et l’autre de ces Animaux : il faut pourtant observer que la différence en grosseur entre les deux sexes, est rarement aussi grande qu’elle est représentée ici, le mâle qu’on y a peint au naturel étant le plus grand qu’on ait vu sur cette Ile ; nos Matelots l’appelloient le Bacha, parce qu’il étoit toujours accompagné d’un nombreux Serrail, dont il savoit admirablement écarter les autres mâles. Ces Animaux sont de vrais amphibies ; ils passent tout l’Eté dans la Mer et tout l’hiver à Terre ; c’est alors qu’ils travaillent à la génération et que les femelles mettent bas ; Leurs portées sont de deux petits à la fois : ces animaux tettent et sont dès la naissance de la grandeur d’un Veau marin qui a toute sa taille. Les Lions marins pen-