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geux où nous allions nous trouver : pour cet effet, nous employames une рartie de la nuit à changer nos voiles et à en remettre par-tout de neuves. Le lendemain, 7 de Mars, à quatre heures du matin, nous fimes voile ; à huit nous vimes la terre, et peu après nous découvrimes le Détroit : dans ce moment le Cap St. Diego nous étoit à l’E. S. E. ; le Cap St. Vincent, au S. E. demi-quart à l’Est ; le Mondrain du milieu des trois Frères S. vers l’О. Monte Gorda, S. et le Cap St. Barthélémi, qui est la pointe le plus Méridionale de la Terre des États, E. S. E. Cette vue est représentée dans la Planche ci-jointe, où (a) est partie de la Terre des États, (b) le Cap St. Barthélémi, (c) partie de la Terre de Feu, (d) le Port Maurice, et (e) la Baye de Valentin ou celle de Bon-succès. Il est bon d’observer que Frézier a donné une vue très exacte de cette partie de la Terre de Feu, qui touche au Détroit, mais qu’il n’a pas donné celle de la Terre des États, qui en fait l’autre côté. Cela nous jetta dans l’embarras, quand il fut question de trouver l’embouchure du Détroit jusqu’à ce qu’il s’ouvrit à notre vue, et si nous n’avions pas suivi la côte, pendant assez longtems, nous aurions pu manquer le Détroit, et nous nous serions trouvés à l’est de la Terre des États, avant de nous en appercevoir. C’est ce qui est arrivé à plusieurs Vaisseaux, et nommément suivant Frézier même à l’Incarnation et à la Concorde, qui ayant dessein de passer par le Détroit, le dépasserent, trompés par trois Hauteurs de la Terre des États, qui ressemblent aux trois Frères, et par quelques Criques qui ressemblent à celles de la Terre de Feu. Pour prévenir de pareils accidens à l’avenir, je donne la vue Occidentale de la Terre des États, où, (a) est le Cap St. Diégo, dans la Terre de Feu, (b) le Cap St. Barthélémi, dans la Terre des États. Cette vue empêchera dans la suite les Navigateurs de tomber dans la même erreur, et leur fera reconnoître san aucune difficulté les Pointes qui forment l’entrée du Détroit.

A l’occasion de ce dessein, je ne puis omettre, que quelque puisse être l’aspect de la Terre de Feu, celui de la Terre des États a quelque chose encore de plus horrible. Il n’offre aux yeux qu’une suite de rochers inaccessibles, et pas un seul quartier de Terre qui puisse rien produire. Ces rochers sont hérissés de pointes aigues d’une hauteur prodigieuse, couvertes d’une Neige éternelle, environnées de précipices, et dont plusieurs paroissent suspendues d’une manière étonnante. Les Rocs qui leur servent de bazes, ne semblent séparés les uns des autres que par des crévasses, qu’on diroit avoir toutes été formées par des tremblements