Il est triste qu’on soit obligé d’apprendre à M. Proudhon que ni les effets de commerce, ni les billets de banque ne peuvent suppléer à aucune insuffisance de numéraire, qu’ils ne sont que des titres de propriété et nullement des valeurs échangeables. Lorsque j’ai dans ma poche un billet de banque de 500 francs, cela veut dire qu’il y a dans la caisse de la Banque 500 francs en argent qui sont à moi et que je puis aller y chercher quand il m’en prendra fantaisie. Les 500 francs d’argent et le billet de banque ne constituent pas une richesse de 1000 francs. Si les 500 francs existent réélisent dans la caisse de la Banque, mon billet est bon ; sinon il ne vaut rien. Je puis signer des effets de commerce pour plusieurs millions, mais si je ne possède pas un centime, engagé ou circulant, fixe ou dégagé, mes billets sont des chiffons. Une maison située à Paris et le contrat de vente déposé chez un notaire ne constituent pas deux valeurs échangeables ; seulement le contrat atteste que la maison est à Pierre ou à Paul qui peut en disposer.
S’il n’y a point dans la caisse de la Banque assez de numéraire pour garantir le payement de tous les billets, il y a au moins dans son portefeuille des effets de commerce à échéance déterminée qui sont, eux aussi, des titres de propriété représentant le numéraire engagé. Caisse et portefeuille constituent Y actif qui couvre exactement la valeur des billets, ou le passif de la Banque.
Le billet de banque est payable au porteur ; il est