affirmer aussi cavalièrement qu’il le fait, sans preuve aucune, que si tous les échanges ne se font pas à un jour donné contre numéraire, cela vient uniquement de ce que la valeur totale du numéraire circulant dans un pays n’est qu’une fraction de la valeur totale de la richesse du pays.
Pour subvenir à cette insuffisance (de la masse du numéraire),… les commerçants sont dans l’usage, en attendant leur tour de remboursement en espèces, de tirer les uns sur les autres des lettres de change, ou bien, ce qui est la même chose, mais en sens inverse, de se souscrire réciproquement des billets à ordre, dont la circulation fait, jusqu’à un jour désigné qu’on nomme échéance, office de monnaie.
Précisément, c’est là ce qu’il va falloir nous expliquer : comment les effets de commerce font office de monnaie, comment les lettres de change et billets à ordre subviennent à l’insuffisance de la masse du numéraire. Cette insuffisance n’a pas été démontrée le moins du monde ; cependant j’admets qu’elle existe, et j’attends que M. Proudhon m’expose comment y subviennent les effets de commerce.
A priori, je pense que ce sera fort difficile, et je m’imagine que mon adversaire ici encore, suivant sa terrible habitude, se propose de résoudre une antinomie non moins insoluble que fantastique. Et, en effet, soyons logiques. La cause du mal est connue : s’il y a insuffisance de la masse du numéraire, cela vient, dit M. Proudhon de ce que la valeur totale du numéraire n’est qu’une fraction de la valeur totale de la richesse sociale, ou du moins n’en est qu’une fraction trop minime. Sublata causa, tollitus effectus supprimons la cause nous aurons supprimé l’effet.