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entre les deux faits n’a pu satisfaire que l’attention superficielle de M. Proudhon.

Supposons que la valeur totale du numéraire circulant dans un pays ne fût que la moitié de la valeur totale de la richesse du pays, ce n’en serait qu’une fraction ; or tous les échanges pourraient encore se faire, non pas seulement à un jour donné, mais à un instant donné, entre la richesse du pays, non compris le numéraire, d’une part, et le numéraire de l’autre. Supposons que la valeur totale du numéraire ne fût que le tiers de la valeur totale de la richesse ; à un jour donné, toute la richesse, moins le numéraire, pourrait encore s’échanger contre numéraire : il faudrait seulement pour cela que la même quantité de numéraire servît à faire, au jour donné, deux échanges à quelques instants d’intervalle. Supposons enfin que la valeur totale du numéraire n’équivalût qu’au dixième de la valeur totale de la richesse, on peut concevoir encore que dans le pays, au jour donné, toute la richesse sociale entrât pour ainsi dire en échange, et que le numéraire servît d’intermédiaire pour tous les échanges : cela supposerait simplement qu’une même quantité de numéraire dût servir, le même jour, à faire neuf échanges ; ce qui n’a rien en soi d’impossible. Et généralement, si l’on considère que, d’une part, toute la richesse d’un pays n’entre pas, tant s’en faut, en échange à un jour donné ; que, d’autre part, la circulation du numéraire en multiplie considérablement les services, on ne permettra pas à M. Proudhon, sous aucun prétexte, de nous