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Ensuite, je prierai M. Proudhon qui fait profession d’enthousiasme pour les mathématiques de m’expliquer ce que vient faire dans sa phrase le mot proportionnelle. Est-ce à dire que la valeur totale du numéraire est proportionnelle à sa quantité ? Est-ce à dire que la valeur totale du numéraire par rapport à sa quantité est proportionnelle à la valeur totale, de la richesse du pays par rapport à sa quantité ? Est-ce à dire que la valeur totale du numéraire par rapport à la valeur totale de la richesse est proportionnelle à la quantité du numéraire par rapport à quantité de la richesse ?

Ces trois assertions qui n’en font qu’une auraient le mérite d’être également en contradiction avec notre théorie suivant laquelle la valeur du numéraire s’explique et s’apprécie par la rareté, et avec la théorie de M. Proudhon qui met l’origine et la mesure de la valeur du numéraire dans ses frais de production. Énoncer, en effet, que le numéraire ou toute autre espèce de la richesse du pays n’a qu’une valeur proportionnelle à la fraction qu’il forme de la richesse du pays, cela reviendrait à dire aussi que toutes les espèces de la richesse du pays, en même fraction, à quantités égales, ont la même valeur, ce qui serait absurde puisqu’elles ne coûtent pas toutes les mêmes frais de production, puisqu’elles ne sont pas toutes non plus également utiles ni rares, demandées ni offertes.

Au surplus, comment M. Proudhon apprécie-t-il la fraction proportionnelle, et la quantité du numé-