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M. Proudhon, et cherchons par nous-mêmes ce qu’on voit par là. On voit par là :

1° Qu’à un jour donné, des échanges se faisant dans le commerce, un certain nombre de ces échanges ne se font pas au comptant, contre numéraire, mais à terme, contre effets de commerce.

2° Qu’au même jour, la Banque de France se livre à l’opération suivante. Elle échange quelques millions de billets de banque contre quelques millions d’effets de commerce, papier contre papier, en balançant le tout fort exactement, et en nourrissant l’intention d’échanger de nouveau, à 45 jours de là, ses quelques millions d’effets de commerce contre autant de millions de billets de banque, papier contre papier, ou, à défaut de rentrer dans ses billets, contre du numéraire qui réponde de ces billets restés en circulation.

J’énonce les faits, je ne les explique pas encore. Il est essentiel pourtant de faire remarquer que, dans l’intervalle des 45 jours, les billets de banque ont passé de main en main pour le plus grand agrément et la plus grande utilité des citoyens ; et que c’est principalement dans ce fait que git tout le sens de l’opération ci-dessus décrite.

Voilà ce que nous fait voir la situation de la Banque de France au 10 juillet 1856. Le second fait qui est un fait de circulation implique le premier qui est un fait de crédit. Au lieu donc de nous dire comme quoi la masse de numéraire qui circule dans un pays est fort loin de représenter l’importance des