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échanges qui, à un jour donné, s’effectuent dans ce même pays.

De toutes les sciences naturelles, l’économie est celle assurément où l’observation est le plus pénible. Il n’y en a pas où il soit plus facile de voir des phénomènes qui n’existent point, de ne point voir des phénomènes qui existent, et de se figurer les phénomènes comme s’accomplissant précisément au rebours de la façon dont ils s’accomplissent. L’économie, plus que toute autre science naturelle, réclame donc chez ses adeptes une grande sincérité d’esprit et des principes fondamentaux solidement assis. Ces deux éléments de recherches manquent absolument à M. Proudhon qui n’y supplée que par un bon vouloir très-insuffisant.

Cette insuffisance se trahit par une fatalité persévérante qui ne permet jamais à M. Proudhon de poser nettement les questions. Il commence par invoquer des principes erronés ; il tire de là des déductions improbables ; en fin de compte, il se trouve toujours que ces tristes préliminaires n’ont aucun rapport direct ni indirect avec la question qui n’est pas plus abordée qu’elle ne l’était auparavant. Ne faut-il pas vraiment que M. Proudhon soit bien riche de sophismes pour les prodiguer en toute occasion avec une générosité si gratuite ? Les vingt lignes que je vais examiner sont un des plus remarquables échantillons de l’impuissance déplorable où se trouve M. Proudhon de présenter sous leur vrai jour les problèmes les plus simples de l’économie.