Soit, je veux bien qu’il y ait des frais de production, quoique M. Proudhon ne les énumère que très-inexactement. Mais je n’accorde pas que le prix de revient détermine le prix vénal : celui-ci n’obéit qu’à la loi du marché. Il faut ajouter que si le prix vénal surpasse le prix de revient, l’entrepreneur touche le profit de son capital et le salaire de son travail. S’il est au-dessous, l’entrepreneur peut fermer boutique et chercher un meilleur emploi de sa peine et de son argent.
Ici M. Proudhon se prend à crier contre toute addition au prix de revient, contre les frais parasites, contre les intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs ; et il se lance dans une diatribe contre le commerce dont il ne connaît ni la nature ni le caractère. L’industrie agricole et manufacturière est un changement de forme ; l’industrie commerciale ou le commerce est un simple déplacement ; c’est un déplacement nécessaire et coûteux, et dont les frais doivent s’ajouter au prix de revient. L’abus du commerce c’est l’agiotage ou le déplacement stérile. Que M. Proudhon déclame, s’il le veut, contre l’agiotage, et qu’il conseille d’en réduire l’extension, c’est fort bien. Mais qu’il ne prétende point qu’ici, à Paris, ni les frais de production, ni le prix vénal du sucre de canne ou des cotons puissent être les mêmes qu’aux Antilles et à New-York ; et qu’au reste, pour ce qui est de chasser du prix de revient tous les frais parasites, il s’en remette à la concurrence.
L’égalité dans l’échange, voilà donc encore un principe hors duquel point de Justice. Or ce principe, l’Église et l’antiquité