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En 1838, ces résultats étaient obtenus déjà dans la science, et la théorie de J.-B. Say ruinée[1]. M. Proudhon eût pu s’en convaincre, et, à défaut d’en être instruit, il est inexcusable de s’en être tenu, après les travaux de J.-B. Say, à la théorie de Ricardo. M. Thiers ne l’est pas moins.

J’abandonne les généralités de la science, et j’en reviens aux richesses produites. Elles obéissent à la loi générale. La valeur des produits vient de leur rareté relative ; leur prix vénal s’établit sur le marché par la comparaison de la somme des besoins à la somme des provisions, en quotient de la demande à l’offre. Un industriel serait mal venu à nous vouloir vendre un objet 12 francs sous prétexte qu’il lui en a coûté 12 francs pour l’établir, si le même objet se vend ailleurs 10 francs ; qu’il vise plutôt à l’établir pour 8 francs dans les mêmes conditions : il s’attirera la clientèle. Et c’est ainsi que la suppression des monopoles, la liberté de l’industrie et du commerce, la concurrence loyalement pratiquée chassent du prix vénal tous les éléments parasites, ramènent la valeur des choses au prix de revient le plus modéré, augmentent la somme des richesses sociales et font le bien-être des consommateurs, c’est-à-dire de tout le monde.

Par frais de production ou prix de revient on entend en général la dépense en outils et matières premières, la consommation personnelle du producteur, plus une prime pour les accidents et non-valeurs dont est semée sa carrière, maladies, vieillesse, paternité, chômages, etc.

  1. M. Auguste Walras, De la Nature de la Richesse et de l’origine de la Valeur. 1831.