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ET LA JUSTICE.

la théorie de la richesse sociale, ou la science du fait général de l’échange : ce serait la Chrématistique d’Aristote. Toutefois ne nous pressons point d’être satisfaits : car une analyse judicieuse va nous convaincre que le fait général de l’échange est complexe, et qu’il implique deux autres faits généraux plus simples : le fait général de la valeur d’échange, et le fait général de la propriété.

En effet, 1o si l’on échange deux choses l’une contre l’autre, cela suppose qu’elles sont équivalentes ou qu’elles ont la même valeur. Ces choses ont donc une valeur propre, et généralement on reconnaît que certaines choses, en très-grand nombre, ont en effet une valeur d’échange qui leur est propre.

Et 2o pour que deux choses puissent être échangées l’une contre l’autre, il faut bien que chacune d’elles soit en la possession de quelqu’un. Pour échanger une chose, tout comme pour en user, il faut l’avoir appréhendée, la détenir à part soi, se l’être appropriée.

Analysons consciencieusement les deux faits généraux de la valeur d’échange et de la propriété.

I. Analyse du fait général de la valeur d’échange. — Pour que le fait général de la valeur d’échange se manifeste dans la réalité des choses ; en termes plus accessibles, pour que les choses aient une valeur et puissent être échangées, il faut qu’il se rencontre en elles deux qualités : 1o l’utilité, 2o la rareté. Mais l’utilité et la rareté sont deux mots qu’il faut prendre ici dans une acception plus