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la réciprocité du droit et du devoir n’a rien à faire. Les lois générales de la valeur sont des lois naturelles, la loi particulière de l’échange, la loi d’équivalence une loi naturelle. M. Proudhon ne soupçonne ni celle-ci, ni les autres. Il s’ingénie à bouleverser à la fois la morale divine et le dictionnaire français pour en arriver à conclure qu’il a le droit d’échanger ses valeurs contre des valeurs équivalentes. Il en a le droit, en effet, comme de tomber dans la rue s’il se jette par la fenêtre, ou, quand il respire, de respirer par le poumon. Mais M. Proudhon n’est pas un homme comme un autre : il lui faut conclure de la réciprocité du respect à la réciprocité de respiration ; c’est alors seulement qu’il est satisfait.

Vous pensez que je plaisante ? Vous vous trompez. L’économie politique de M. Proudhon est, comme vous allez voir, pleine de déductions de cette force. Quoi d’étonnant ? Il va traiter de l’échange ; il a refait, Dieu sait comme ! la théorie de la justice, et n’a rien négligé qu’une chose : c’est de s’instruire de la théorie de la valeur d’échange et de l’échange.

Ouvriers et Maîtres.

De temps immémorial la classe des producteurs s’est divisée en deux sections, les ouvriers et les maîtres.

Il n’y a plus de maîtres aujourd’hui : il n’y a que des travailleurs parmi les producteurs. La Révolution a aboli les maîtrises ; il ne faut pas parler de choses surannées. Il y a, il est vrai, des entrepreneurs et des ouvriers, mais les entrepreneurs ne sont pas des maîtres.