peut encore moins s’imposer ; car l’imposer c’est le détruire, c’est lui ravir la spontanéité qui l’explique et qui le glorifie.
La justice fondée sur la réciprocité du droit et du devoir, telle est la base de la société, la base de granit sur laquelle repose tout l’édifice social ; l’association et la charité en sont le couronnement et le faîte. L’association, l’assurance mutuelle sont des principes de relations avantageuses autant que légitimes et qu’il est bon d’encourager. Pour tous les cas que la loi n’a pas réglés, pour toutes les éventualités que l’association n’a pas pu ou pas su prévoir, reste le dévouement ou la charité qui ne procède ni d’un droit reconnu, ni d’un engagement préalablement consenti, mais qui jaillit d’un élan sympathique de l’homme pour l’homme. C’est ainsi que toutes les applications concourent au bien général ; mais il ne faut rien intervertir ; il faut laisser à chaque principe son caractère, sa portée, ne les jamais substituer l’un à l’autre.
C’est parce qu’ils ignoraient la justice que les premiers chrétiens firent de la charité une obligation, chose qui répugne essentiellement à la nature de la charité ; c’est encore par ignorance du droit et du devoir que nos modernes philanthropes préconisent si hautement l’association et l’assurance mutuelle. À Dieu ne plaise que je repousse l’association et que je méprise le dévouement ; je reconnais volontiers toute l’efficacité de l’assurance mutuelle, toute la puissance de la charité ; mais je tiens avant tout, par-dessus tout, à la justice fondée sur la réciprocité du droit et