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former un sel. L’échange est régi par la situation du marché ; autrement dit, rechange se régit lui-même, indépendamment de tout arbitraire humain. Que la police veille à la loyauté des transactions comme elle doit veiller à ce qu’un chimiste, avec ses substances, n’empoisonne pas ses voisins, rien de mieux ; mais l’éthique n’a rien à faire ici.

Le rôle de la justice vis-à-vis de l’échange est un rôle négatif : tout ce qu’on peut lui demander c’est de s’abstenir, c’est de respecter la liberté du marché, de telle sorte que l’offre et la demande effectives se rapprochant de plus en plus de l’offre et de la demande absolues, la valeur effective se rapproche aussi de plus en plus de la valeur absolue. Liberté d’échange ! Laissez demander, laissez offrir. Laissez produire, laissez entrer ; ou, pour en revenir à l’excellente formule des physiocrates : — Laissez faire ; laissez passer.

En résumé, je conclus : 1° que le fait de l’échange se produit par définition entre valeurs égales, les valeurs étant déterminées par le rapport de la somme des besoins à la somme des provisions, sur le marché ; 2° que le fait de l’échange se produit ainsi spontanément et naturellement, comme un fait naturel qui se régit lui-même ; 3° que le rôle complètement négatif de la justice vis-à-vis de l’échange consiste à s’abstenir et à respecter la liberté du marché.

Et, en conséquence, je borne mon rôle d’économiste naturaliste à tenter d’exposer, pour les analyser ensuite, le plus exactement possible, les diverses ma -