donne ; le donataire ne donne rien à la place de ce qu’il reçoit. La même chose arrive dans le vol entre le spoliateur et sa victime. Dans le jeu il n’y a que des chances échangées. Au commencement de la partie, chaque joueur court la chance de perdre et la chance de gagner ; mais lorsque la partie est terminée, un seul gagne et un seul perd. Celui qui a gagné n’a donné, en échange de son gain, que la chance qu’il a courue de perdre autant qu’il a gagné ; et celui qui a perdu n’a reçu, en retour de sa perte, que la chance qu’il a courue de gagner précisément autant qu’il a perdu. Tout cela en rejetant le cas de la friponnerie, et en admettant que le jeu ait été loyal de part et d’autre. Dans l’échange proprement dit, chaque contractant vend et achète ; chaque contractant donne et reçoit. Il y a, de part et d’autre, un sacrifice égal, et une compensation égale au sacrifice[1]. »
Cette condition d’équivalence dans l’échange est donc une loi naturelle, tout comme la théorie de la valeur d’échange est une théorie naturelle. Les échanges, sous toutes les formes que nous avons énumérées, s’opèrent au sein de la société comme sur un marché. On veut acheter, on veut vendre. On demande, et l’on offre d’échanger. La valeur effective s’établit en rapport de la demande effective à l’offre effective ; et les échanges se font en raison des valeurs, entre objets équivalents, aussi nécessairement, aussi fatalement que fatalement et nécessairement aussi se combinent, en équivalents chimiques, une base et un acide pour
- ↑ M. Walras, De la Richesse sociale