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L’ÉCONOMIE POLITIQUE

Cela dit, cherchons à reconnaître avec précision s’il est un fait général dont la théorie puisse et doive être l’objet de l’Économie politique ; et quel est ce fait.

Pour peu qu’on se soit pris un jour à réfléchir sur le rôle et l’objet de la science, on se sera fort aisément aperçu qu’il y a bien des points de vue différents où l’on peut se mettre, en présence de la réalité, pour l’étudier ; c’est-à-dire, en d’autres termes plus exacts, que bien des faits généraux se partagent le champ de la réalité pour s’y manifester individuellement. Sans perdre de temps en efforts d’abstraction et de généralisation, nous pouvons dire immédiatement qu’un de ces faits généraux est l’échange. Je m’explique. Envisagée d’un certain point de vue parfaitement caractérisé, la vie sociale se présente comme une série d’échanges, et le monde apparaît comme un marché où s’accomplit une succession de ventes et d’achats. Le fait de l’échange se manifeste en ceci que certaines choses, en très-grand nombre, ne sont point gratuites, et ne peuvent être obtenues par ceux qui en ont besoin qu’en retour et moyennant cession d’autres choses.

Cet ensemble d’utilités non gratuites et susceptibles de participer du fait général de l’échange constitue la richesse sociale. D’une façon générale on pourrait donc énoncer que l’économie politique est