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appelle les servitudes de la nature, à cette théorie si nette, si rationnelle, si bien fondée en fait et en droit…qui affranchit l’homme du fatalisme économique. En premier lieu, il n’y a point, il n’y aura jamais de théorie assez nette, assez rationnelle pour affranchir l’homme du fatalisme économique, pas plus que pour l’affranchir du joug de la nécessité mathématique, physique, astronomique, physiologique. En second lieu, la servitude que nous impose la nature est aussi bien un triomphe pour nous, et l’univers n’est point peuplé d’antinomies irréconciliables ; il est constitué par un ensemble de faits harmoniques se limitant, il est vrai, les uns les autres, mais s’entr’aidant au lieu de se nuire, et concourant tous au développement de leur ensemble.

En conséquence il serait inutile, si ce n’était impossible, d’affranchir l’humanité du fatalisme économique. Il y a tout simplement à conquérir l’égalité devant la loi économique, c’est-à-dire à répartir la richesse sociale entre les personnes en société conformément aux principes de l’égalité des conditions, de l’inégalité des positions, aux lois de la justice commutative et de la justice distributive.

Je répète que je n’ai point ici à formuler une théorie de la propriété et de la distribution. Et cependant s’il fallait faire comprendre comment on peut, dans un cas donné, passer aisément d’une bonne théorie à une saine application, je dirais dès à présent, sous toute réserve d’un examen plus approfondi :