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absolus font violence à la nécessité quand ils dissimulent l’inégalité des mérites et proscrivent l’inégalité des positions. M. Jobard l’inégalitaire, et M. Proudlion Tégalitaire mettent également la nature sur le lit de Procuste et font une égale violence à la nécessité quand ils s’acharnent avec la même fureur à ne permettre à la réalité, à ne voir dans la mécanique universelle, l’un que l’inégalité, l’autre que l’égalité en tout, partout et pour tout. C’est insensé !

L’égalité qu’on entend nier est celle des êtres semblables.

Alors, pourquoi ne vous suffit-il pas de la défendre ?

Tous les individus dont se compose la société sont, en principe, de même essence, de même calibre, de même type, de même module…

Certes, cela est vrai : ce passage est excellent. Toutefois pour ne pas me laisser entraîner avec vous jusqu’à méconnaître les droits de la justice distributive, je veux relire encore la phrase non moins excellente de M. Blanc-Saint-Bonnet :― « L’égalité est la loi des brutes ; le mérite est la loi de l’homme. »

La Révolution…, partant du principe que l’égalité est la loi de toute la nature, suppose que l’homme par essence est égal à l’homme, et que si, à l’épreuve, il s’en trouve qui restent en arrière, c’est qu’ils n’ont pas voulu ou pas su tirer parti de leurs moyens. Elle considère l’hypothèse de l’inégalité comme une injure gratuite… C’est pour cela qu’elle déclare tous les hommes égaux en droits et devant la loi… afin de réaliser de plus en plus dans la société cette Justice égalitaire, que tous les citoyens jouissent de moyens égaux de développement et d’action.

Cette justice égalitaire, que tous les citoyens jouissent de moyens égaux de développement et d’action, mais c’est la justice commutative ! À merveille !