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ET LA JUSTICE.

se manifester individuellement dans la réalité, dans tous les lieux, en tous temps. Il est un. À tous ces titres, il peut et doit devenir l’objet d’une science. La science sera faite quand on aura posé, puis résolu les cinq questions suivantes :

1o Quelle est la nature de ce fait ?

2o D’où vient ce fait ? En d’autres termes : quelle en est la cause ?

3o En combien d’espèces principales se divise-t-il ?

4o Quelles sont les lois suivant lesquelles il s’accomplit, soit dans sa plus haute généralité, soit dans ses principales espèces ?

5o Quelles sont les conséquences qu’il entraîne ? autrement dit : quels en sont les effets ?

À chacune de ces cinq questions correspondent des procédés méthodiques qui conduisent à leurs solutions. Toutes ces questions résolues, la science est faite, on possède la théorie du fait général, et l’on connaît d’avance tous les êtres de l’univers, en tant qu’ils participent de ce fait et qu’ils sont le théâtre de ses manifestations individuelles et réelles. Que l’on fasse la science de tous les faits généraux, et le monde est connu.

L’observation, l’expérience, l’induction, l’hypothèse…, tels sont les principaux procédés méthodiques qui conduisent à la solution des questions posées[1].

  1. Il est aisé de comprendre qu’une théorie de la science en général est indispensable pour constituer la théorie de la science sociale, la théorie de l’économie politique, ou la théorie de toute autre science particulière. En l’absence d’une philosophie de la science à la fois expérimentale et rationnelle qui n’existe point encore à vrai dire, il est sans doute permis d’en esquisser quelques traits dans un cas donné. Sans doute aussi l’on est en droit d’espérer du lecteur qu’il voudra bien juger plutôt par ses applications que dans son principe une théorie fort incomplète et dans laquelle il était nécessaire de mettre plus de simplicité que de rigueur métaphysique.