fois, égaux en tant que personnes, inégaux en tant qu’ils prennent un rôle plus ou moins brillant ou effacé, généreux ou funeste dans la société.
Alors, qu’ils jouissent tous des mêmes conditions, c’est-à-dire qu’en débutant dans l’accomplissement de leur destinée, ils trouvent tous à leur disposition les mêmes ressources et moyens d’action ; qu’ils arrivent à des positions différentes suivant qu’ils auront fait de leurs ressources et moyens d’action un usage plus ou moins heureux ou déplorable.
Voilà quelles conclusions ressortent du principe des deux justices. L’état normal de la société ne peut être mieux défini que par une comparaison empruntée au jeu de la course. Que tous les concurrents partent du même point, qu’aucun d’eux ne prenne au début une avance sur les autres. C’est le vœu de la justice commutative. Que les plus agiles passent les premiers, arrivent au but avant les autres ; qu’ils reçoivent les prix destinés aux vainqueurs. Ainsi le réclame la justice distributive.
Égalité des conditions ; inégalité des positions, telle est alors la véritable formule sociale ; tel est le principe fondamental qui devrait présider à la répartition de la richesse sociale entre les personnes en société. Ici, nous n’avons point à tirer de ce principe ses déductions pratiques et rigoureuses, nous n’avons point à faire une théorie de la distribution et de la propriété. Nous n’avons absolument qu’à défendre le principe lui-même ; et cette défense se fait toute seule.