qui se pose, comme un piège, devant les théologiens, les philosophes, les légistes, les économistes, les hommes d’État, et que tous, jusqu’à ce jour, se sont accordés à trancher négativement.
Vous comprenez que les théologiens, les philosophes, les légistes, les économistes, les hommes d’État s’étant tous accordés jusqu’à ce jour à trancher le problème négativement, M. Proudhon, qui tient à être toujours seul de son opinion, ne perdra pas une si belle occasion de se distinguer. Lui, tranche aujourd’hui le problème affirmativement, et il conclut à l’égalité des biens et des fortunes. Il me semble qu’il serait aisé de faire voir à M. Proudhon combien cette solution n’est point aussi originale qu’elle en a l’air. Mais je ne lé chicanerai pas pour si peu, d’autant plus qu’il va mettre ses adversaires en contradiction avec les lois de la mécanique universelle, qu’il va serrer la difficulté, porter sur elle le flambeau de l’analyse.
Les lois de l’économie, publique et domestique, sont, par leur nature objective et fatale, affranchies de tout arbitraire humain ; elles s’imposent inflexiblement à notre volonté. En elles-mêmes, ces lois sont vraies, utiles : le contraire impliquerait contradiction.
Il est difficile d’abonder plus complètement dans mon sens que ne le fait ici M. Proudhon. Pourquoi faut-il qu’il ne sache point se maintenir constamment à ce point de vue qui est le vrai ?
Elles ne nous paraissent nuisibles, ou, pour mieux dire, contrariantes, que par le rapport que nous soutenons avec elles, et qui n’est autre que l’opposition éternelle entre la nécessité et la liberté.
Elles ne paraissent telles qu’au seul M. Proudhon.