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Que l’on dise, si l’on veut, que la proportion suivant laquelle je propose de répartir la rente manque de précision,…

Vous me rendrez cette justice d’avouer que je n’ai pas attendu, pour dire cela, votre permission.

…C’est un inconvénient que je reconnais d’autant plus volontiers qu’il exprime le fait fondamental sur lequel repose toute la théorie, à savoir l’indéfinissabilité de la rente.

À d’autres ! Ce que l’on dira, que vous y consentiez ou non, avec juste raison, c’est que vous n’avez su ni définir ni déterminer la rente, mais il ne s’ensuit pas que la rente soit indéfinissable et indéterminable. La rente foncière est la chose du monde la plus facile à définir : elle est le prix du loyer du sol. La rente se détermine tout naturellement sur le marché par le rapport de la demande à l’offre de location des terres. La rente appartient tout entière au propriétaire légitime du sol. Et la part de rente qui tombe dans les caisses du trésor public y arrive par les mêmes moyens, et s’y trouve au même titre que la portion des salaires et des profits prélevés par les contributions publiques. Quant au travailleur, il n’a théoriquement aucun droit sur la rente ; et pratiquement il n’en touche pas un sol.

Mais ce que l’on ne me fera jamais regarder comme juste, c’est que, tandis que l’État n’accorde aux brevetés d’invention qu’une jouissance de quatorze ans, il livre à perpétuité la rente du sol ; c’est qu’il n’en réserve rien pour le fermier ; c’est qu’il écrase d’impôts l’industrie, le commerce, le travail, pendant qu’il se prosterne devant une prélibation trop souvent parasite, et qui ne peut invoquer en sa faveur que le préjugé des siècles, le silence de la multitude et la mythologie du culte.

Cette prélibation trop souvent parasite n’est autre