Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne sont-ce pas les dépenses faites en commun dans l’intérêt de la société ? Alors que les individus et les familles ne cherchent qu’à étendre la sphère de leurs jouissances et de leur bien-être, en quoi importe-t-il de réduire la société à la portion congrue ? S’il importe de restreindre le plus possible les dépenses de l’État, l’idéal du système serait de les réduire à zéro, ce qui nous ramène à l’enfance de la civilisation et de l’humanité. — Pour moi, je voudrais au contraire que l’État fût aussi riche qu’il pourrait l’être sans nuire à la richesse des particuliers fondée sur leur travail, et que l’État dépensât largement son revenu dans l’intérêt commun de tous les membres dont il se compose.

…En second lieu, parce que ce serait reconnaître dans l’État, seul rentier désormais et propriétaire, une souveraineté transcendante, incompatible avec la notion révolutionnaire de Justice, et qu’il est meilleur pour la liberté publique de laisser la rente à un certain nombre de citoyens, exploitant ou ayant exploité, que de la livrer tout entière à des fonctionnaires ;…

C’est-à-dire qu’au lieu de reconnaître dans l’État un domaine éminent, une souveraineté transcendante, il vaut mieux placer ce domaine et cette souveraineté sur la tête d’un certain nombre de particuliers. Et cela dans l’intérêt de la liberté publique, et sans doute aussi de l’égalité économique ? Quelle philosophie ! Quelle politique ! M. Proudhon ne tient pas compte de ce que, en fait, si les citoyens sont propriétaires d’une partie du sol, l’État touche également une part de la rente foncière. Il y a aussi des communes, des établissements publics, des communautés qui sont propriétaires fonciers. Et je ne sache pas que des per -