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nité se réduise à un seul homme ou à une seule famille. Cette condition ne s’applique point exclusivement à l’agriculture, elle s’applique à tous les travaux, elle intéresse également l’industrie et le commerce. Il faut refuser à la demande des produits, à la facilité de transport, à la sécurité du marché, etc., toute action coopérative directe dans la création de la rente, puisque toutes ces conditions ont la même influence vis-à-vis des salaires et des profits.

De cette classification il résulte que, si la condition première, nécessaire, de toute rente est le travail, une autre série de conditions dépend de la nature, et une troisième appartient à la société. Cette classification est vicieuse. La condition première, la condition nécessaire, j’ajoute la condition suffisante de toute rente foncière, c’est la terre ; c’est qu’il y ait un sol utile et limité, susceptible d’appropriation et de valeur échangeable, dont le propriétaire nous fasse payer la location au prix fixé par le rapport de la demande à l’offre. Si l’atmosphère était limitée comme le sol, il y aurait des propriétaires de l’air, comme il y a des propriétaires fonciers, et nous payerions au prix d’une rente la respiration ; et si les rayons du soleil pouvaient aussi s’enfermer sous clef avec le soleil lui-même, nous en payerions également la jouissance et la consommation.

D’où il suit que la rente, en supposant toujours qu’elle existe, appartient pour une part au travailleur qui la rend perceptible ; pour une seconde part à la