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L’ÉCONOMIE POLITIQUE ET LA JUSTICE.

rie de la propriété et de la distribution, ils ont eu tort.

En serait-il ainsi, et se seraient-ils en effet bornés à exposer les faits de la pratique tels qu’ils se passaient sous leurs yeux, et indépendamment de leur accord ou de leur désaccord avec la justice ? Nullement. Les économistes n’ont point commis la faute que leur reproche si carrément M. Proudhon. Les fondateurs de la science, les physiocrates ont formulé la fameuse maxime : laissez faire, laissez passer, ce qui n’était rien moins, au xviiie siècle, que l’exposition d’un fait de la pratique. Ils ont donné la théorie de l’impôt unique, et cette théorie n’était rien moins que l’exposition de la pratique financière du xviiie siècle.

Par exemple, ― cette observation est de Rossi, ― il est démontré, et l’objet propre de l’économie politique est de faire cette démonstration, que la division du travail est le procédé le plus puissant de l’industrie, et la source la plus féconde de la richesse, ― mais qu’elle tend en même temps à abrutir l’ouvrier, et conséquemment à créer une classe de serfs.

À cela je réponds :

1o Qu’il est possible que cette observation soit ou ne soit pas de Rossi, mais que M. Proudhon l’accueillant librement, je l’en fais responsable ;

2o Que l’objet propre de l’économie politique est de faire la théorie de la valeur d’échange, et nullement de démontrer le principe de la division du travail ;

3o Qu’il y a pour l’industrie des procédés plus puissants, et pour la richesse des sources plus fécondes que la division du travail ;

4o Que la division du travail n’abrutit point l’ouvrier.